Le Conseil des ministres, réuni dimanche 30 novembre, a pris une décision majeure concernant l’allocation chômage en Algérie. Cette mesure provoquera une réduction massive du nombre de bénéficiaires, estimée entre trois et quatre fois le volume actuel.
Instaurée en 2022 par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, l’allocation chômage visait à freiner la montée du chômage, aggravée par la crise sanitaire du Covid-19. Le dispositif permettait aux jeunes sans emploi de percevoir une aide sans limitation de durée, sous certaines conditions administratives. Toutefois, ce système est désormais abandonné.
La nouvelle décision met fin à la durée indéterminée de l’accès à l’allocation chômage pour les jeunes âgés de moins de 40 ans. Désormais, chaque demandeur d’emploi pourra bénéficier de l’aide pendant une seule année, renouvelable une fois seulement. Autrement dit, la durée maximale de perception est strictement limitée à deux ans.
En conséquence, tous les jeunes ayant déjà bénéficié de deux années consécutives d’allocation chômage seront automatiquement exclus du dispositif. En revanche, ceux ayant perçu l’aide pendant une seule année pourront solliciter un renouvellement pour une seconde année. Cependant, ce renouvellement sera soumis à de nouvelles conditions dont les modalités seront précisées dans des textes d’application réglementaires attendus prochainement.
Depuis son lancement en 2022, le nombre de bénéficiaires de l’allocation chômage a dépassé les deux millions de personnes. Un chiffre jugé très élevé par les pouvoirs publics. Le maintien de ce mécanisme nécessite en effet la mobilisation d’importantes ressources financières pour assurer la continuité des versements mensuels.
Par ailleurs, cette réforme intervient dans un contexte budgétaire délicat. Les recettes des hydrocarbures, principale source de devises de l’État algérien, enregistrent une baisse continue depuis deux ans. Cette contraction fragilise les finances publiques et accentue la pression pour réduire certaines dépenses sociales.
Avec cette réforme, le gouvernement cherche donc à rationaliser l’allocation chômage. L’objectif est de maîtriser les coûts tout en orientant les bénéficiaires vers l’insertion professionnelle. Toutefois, cette décision suscite de vives inquiétudes.
Une mesure qui fera des victimes
En effet, ce changement fera des victimes. Des centaines de milliers de personnes, notamment des jeunes femmes vivant dans les zones rurales, risquent de se retrouver sans ressources financières. Dans ces régions, les opportunités d’emploi sont rares, voire inexistantes. Pour beaucoup, l’allocation chômage représentait l’unique source de revenu stable.
Selon les projections, cette réforme devrait diviser par au moins trois le nombre de bénéficiaires actuels. La sortie brutale de nombreux jeunes du dispositif pourrait ainsi accentuer la précarité sociale dans plusieurs régions déjà fragilisées.