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Algérie-France : En baisse sensible, les visas, seul levier de la France ?

Par Oussama Nadjib 21 août 2025

La réduction des visas accordés aux Algériens, devenu le principal outil de pression de Paris, laisse augurer d’un enlisement des relations franco-algériennes au moins jusqu’à l’échéance présidentielle française de 2027.

Un peu plus de 103 000 visas ont été accordés aux citoyens algériens par les services consulaires au premier semestre 2025, soit un rythme de 17 000 délivrances par mois, contre 22 000 en moyenne l’année précédente, rapporte le journal Le Monde, dans un article publié aujourd’hui.
La lecture de l’article confirme largement que le seul véritable “levier” du rapport de force défendu par le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, et désormais soutenu par le président Emmanuel Macron, est celui des visas accordés aux Algériens.

L’accord sur les exemptions de visas passeports diplomatiques et officiels de 2013 – “suspendu” par Paris et “dénoncé” purement et simplement par Alger le 8 aout dernier – n’étant plus de mise, ce sont donc les visas “ordinaires” qui servent de levier.  Ils devraient, en toute logique, baisser encore davantage au cours des prochains mois. La France peut faire jouer, si ce n’est déjà fait, l’article 22 du code communautaire européen des visas qui permet à un État membre d’exiger d’être consultés par les autres États membres au sujet desdemandes introduites par les ressortissants de certains pays tiers ou par certaines catégories de ces ressortissants.
La chute drastique des visas a été d’ailleurs été annoncée de fait par le président français dans sa lettre à François Bayrou du 6 août 2025, dans laquelle il évoque explicitement une baisse de 30 % dans la délivrance des visas aux ressortissants algériens. 
Cette réduction est certes formellement présentée, non comme une mesure de rétorsion, mais comme une conséquence des “entraves” imposées par Alger à l’activité consulaire française. 
Dans les faits, les visas accordés vont baisser de plus en plus. 

Des leviers peu opérants

La crise diplomatique à multiples volets, d’une ampleur sans précédent depuis 1962, est alimentée par un contexte pré-électoral en France où le sujet “Algérie” est ingrédient majeur de la droite et de l’extrême droite. 
Toute une panoplie de “leviers” de pression sur Alger ont été évoqués par les médias et les hommes politiques français, mais la question des visas semble être la seule pouvant avoir un aspect effectif.  
L’impact, réel, sur la population algérienne qui a des liens familiaux et humains en France, est censé servir de moyens de pression. Mais c’est un levier au résultat très incertain. 
Les autres leviers évoqués par les politiques et les médias – sur les chaînes d’infos, on a pu observer une méconnaissance totale de la réalité des relations – paraissent peu opérants. 

La relation économique entre Alger et Paris est importante, mais elle s’accommode d’un jeu de pression.

Les entreprises françaises seraient d’ailleurs les plus lésées par une telle stratégie.  L’Algérie, actuellement quatrième fournisseur de gaz naturel à l’Union Européenne, peut sans difficultés majeures se passer de la France pour ses ventes d’énergie.

Enlisement jusqu’à… 2027 ?

La guerre en Ukraine n’a fait que renforcer la position de l’’Algérie sur le marché européen. Les ventes de gaz à l’Italie ont fortement augmenté, faisant de l’Algérie le premier fournisseur de Rome.
Les ventes de gaz à l’Espagne n’ont pas été affectés par la crise entre les deux pays à la suite du virage de Pedro Sánchez sur le Sahara Occidental. 
La France peut, par ailleurs, s’opposer au souhait exprimé par l’Algérie de réviser l’accord d’association, mais son impact sur la relation bilatérale a peu de chance d’être concluant. Globalement, selon les analystes, les entreprises françaises ont le plus à pâtir des tensions diplomatiques, au profit des concurrents chinois, turcs ou italiens. 
L’enlisement de la crise est aggravé par le fait que la question de la relation avec l’Algérie est devenue un enjeu de politique intérieure française.
Le sujet de l’Algérie, couplé à l’immigration et à la sécurité, est utilisé comme argument électoral. Le pronostic de Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la communication d’une crise qui ne connaitra pas de répit avant l’élection présidentielle françaiseen 2027 ne semble pas irréaliste. L’enlisement semble être le scénario le plus probable.

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