Algérie - La sous-traitance locale tente de reprendre pied à El Hadjar « renationalisé » | Maghreb Émergent

M A G H R E B

E M E R G E N T

Algérie

Algérie – La sous-traitance locale tente de reprendre pied à El Hadjar « renationalisé »

Par Maghreb Émergent
14 janvier 2014
Le refinancement d'El Hadjar suscite les convoitises (DR)

A peine sauvé d’un dépôt de bilan grâce à l’intervention généreuse des pouvoirs publics algériens, le complexe sidérurgique d’El Hadjar suscite les convoitises des entreprises qui gravitent dans la périphérie de l’entreprise et contrôlent plusieurs activités annexes ou externalisées.

L’accord passé entre le groupe public Sider et ArcelorMittal, qui prévoit un plan d’investissement de 763 millions de dollars (720 millions destinés au développement du complexe d’El Hadjar et 43 millions pour la réhabilitation des mines d’El Ouenza et Boukhadra), aiguise les appétits. Pour les connaisseurs des arcanes des hauts fourneaux du complexe, il s’agirait tout simplement de repositionnement des lobbys par rapport à une nouvelle donne induite par cet apport financier et le changement dans la composition du capital. C’est dans le sillage de cette « renationalisation » du complexe qu’un syndicat autonome a lancé un appel à la grève au milieu d’une situation kafkaïenne dans les rangs des syndicalistes de l’UGTA. Une grève que les cadres du site mythique de la sidérurgie algérienne, considèrent n’être « ni dans l’intérêt des travailleurs ni ceux du complexe ».

Capter la rente
Car l’enjeu est de taille. Avec la reprise de la majorité des parts par Sider, les entreprises de sous-traitance algériennes qui gravitaient autour du complexe sidérurgique et qui étaient évincées au profit de PME étrangères, espèrent reprendre pied. Sans compter que la maille déjà tissée pour le captage de cette rente par les entreprises venues dans le sillage d’Ispat, à l’image de Grand Smithy Works, une entreprise indienne de récupération de déchets ferreux qui avait décroché des contrats mirobolants, ou alors Efes, une entreprise turque des transports, ne sont pas prêtes de céder le terrain, moyennant de puissants relais locaux.
Pour rappel, le syndicat autonome qui a appelé le 16 décembre à une grève illimitée, a déposé sa demande d’agrément le 03 du même mois auprès des services de la wilaya d’Annaba. Les syndicalistes, qui ont finalement opté pour une journée de débrayage, justifient leur action par le risque d’ingérence (entendre par là le ministère de l’industrie et de la promotion de l’investissement) dans les négociations avec la direction de l’entreprise. Ils ont d’ailleurs formalisé cette position dans un courrier adressé à la direction d’ArcenorMittal, qu’ils soupçonnent d’avoir contracté des engagements « secrets » dans le cadre de l’accord d’investissement, comprenant une compression d’effectifs de l’ordre de 1200 travailleurs sur les 5400 encore en poste.
L’UGTA à la manœuvre pour reprendre le terrain
Pour plusieurs travailleurs rencontrés sur place, la création de ce syndicat n’est qu’une autre manœuvre de l’Union locale UGTA pour reprendre le terrain perdu. Ainsi le coup de force de l’Union pour dégommer l’ancien SG, Daoud Kechichi (actuellement à la tête du syndicat autonome), ne vise qu’à se focaliser sur une personne pour faire oublier l’échec de la politique de la centrale syndicale (6 600 travailleurs en moins dans le complexe depuis l’entrée d’Ipsat dans le capital en 2001).
Une chose est sure, l’objectif de faire passer la production du complexe à 2,2 millions de tonnes par an dans un délai de 4 années, semble difficile à maintenir dans un climat social où les travailleurs sont gagnés par le marasme et la démobilisation, à cause des incertitudes sur leur avenir.
Retraite volontaire, la planche de salut
Beaucoup voient dans le départ en retraite ou volontaire une planche de salut pour se réinsérer dans la vie sociale « tant qu’il est encore temps ». Pour le reste ; malgré les avantages comparatifs indéniables dont a bénéficié le partenaire indien : énergie et main d’œuvre bon marché (7 à 8 fois moins chère que dans les sites européens); la production à chuté de moitié depuis 2001. Elle se situait à 570 000 tonnes en 2012, soit à peine 8,4% des besoins nationaux. Certains équipements du site datent de 1969 ; c’est dire que sans un véritable plan de modernisation, l’usine connaitra d’autres difficultés.

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités Algérie

Interdictions de voyage et affaires de corruption : ce que révèle le dernier rapport du BCLC

Le Bureau central de lutte contre la corruption (BCLC) a rendu public un rapport détaillé sur ses activités couvrant la période de 2020 à 2024. Selon les chiffres communiqués, l’organisme… Lire Plus

Algérie Algérie

Réformes politiques et médias : la vision de Tebboune face aux inquiétudes des partis

Le président Abdelmadjid Tebboune déplore l’absence de débat autour du projet de loi sur les partis politiques qu’il a soumis à discussion, affirmant qu’il ne souhaite pas faire adopter une… Lire Plus

Actualités Algérie

Rentrée scolaire : Statuts et manuels sous le feu des critiques

La rentrée 2025 s’annonce particulière. Derrière le calendrier et les salles de classe, c’est tout un modèle éducatif qui se retrouve questionné : statuts, programmes, manuels et langues sont au… Lire Plus

Á la une Actualités

Controversé mais promu… Saïd Sayoud jouit d’une « confiance spéciale » du Président

Dans une décision inattendue, le président Abdelmadjid Tebboune a surpris en maintenant Saïd Sayoud au gouvernement. Beaucoup l’annonçaient sur le départ, il hérite au contraire de deux ministères stratégiques :… Lire Plus

Actualités Algérie

« La cour constitutionnelle conservatrice sur le code de procédure pénale » (député yagoubi- suite)

2e partie : Lecture constitutionnelle approfondie de la décision n° 02/CC/CS/C/2025 rendue par la Cour constitutionnelle le 16 juillet 2025 concernant la constitutionnalité des articles 78, 187 et 188 du Code de… Lire Plus