Le marché noir algérien des devises traverse une zone de fortes turbulences. Après le record historique atteint mercredi par l’euro face au dinar, la dynamique a brusquement changé. Depuis samedi, les repères traditionnels ont disparu. Les taux fluctuent. La visibilité se brouille. L’unification habituelle du taux de change n’est plus d’actualité. Désormais, la valeur des devises se négocie directement entre l’acheteur et le vendeur.
D’un côté, les cambistes opèrent sans référence claire. De l’autre, les acheteurs hésitent. Résultat : de fortes disparités régionales apparaissent. À Béjaïa, 100 euros s’échangent autour de 27 300 dinars. Dans certaines localités d’Alger, ils atteignent 28 000 dinars. Cet écart inédit illustre l’état d’instabilité qui frappe désormais le marché noir.
Deux raisons expliquent cette situation
À l’origine de ce flou, deux décisions majeures dans le secteur automobile. La première vient d’Alger. La semaine dernière, une décision conjointe des Douanes algériennes et du ministère du Commerce extérieur a interdit la vente de voitures de moins de trois ans dans les showrooms. Par ailleurs, les concessionnaires automobiles informels n’ont plus le droit d’importer ce type de véhicules. L’objectif est clair : encadrer un marché longtemps hors contrôle.
La seconde décision émane de Pékin. À partir du 1er janvier prochain, la Chine interdira l’exportation de voitures neuves ou quasi neuves par les particuliers et les acteurs non agréés. Seuls les concessionnaires officiellement reconnus seront autorisés à exporter. Cette mesure vise à limiter les circuits parallèles souvent utilisés pour alimenter des marchés étrangers.
En Algérie, ces annonces ont eu un effet immédiat. Le marché noir, qui reste le seul fournisseur de devises pour l’importation de voitures particulières, se retrouve sous pression. Depuis deux ans, les concessionnaires agréés sont exclus des opérations d’importation. Les particuliers et les opérateurs informels ne disposent, quant à eux, d’aucun accès à la devise bancaire.
Ainsi, l’activité d’achat de devises repose exclusivement sur les circuits parallèles. Or, l’incertitude concernant l’approvisionnement en véhicules provoque un gel des transactions. Les importateurs potentiels temporisent. Les cambistes adoptent une posture d’attente. Personne ne veut se positionner dans un environnement instable.
De ce fait, les échanges baissent sensiblement. En parallèle, la volatilité augmente. Chaque région ajuste ses cotations selon l’offre disponible et la pression de la demande. Les repères nationaux s’effacent.
Pour l’instant, aucune tendance durable ne se dessine. Cependant, l’ensemble des acteurs reste sur la réserve. Le marché noir fonctionne au ralenti. Et tant que la situation du secteur automobile ne sera pas clarifiée, l’incertitude continuera de peser fortement sur les taux de change parallèles.