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Algérie-Transport maritime : Fausses promesses, faux-semblants et hostilité au marché (opinion)

Par Yazid Ferhat
24 décembre 2016

Décidément, au lieu de régler le problème en restituant au secteur des transports sa souveraineté marchande, le Gouvernement s’agrippe encore et toujours  au  replâtrage qui consiste à changer de nom au problème au lieu de le résoudre : passer de « Cnan » à « Serport et Gatma ».

 

La dissolution du Groupe CNAN et son remplacement par Serport et Gatma est présentée par le directeur de la marine marchande et des ports auprès du ministère des Transports, Mohamed Ibn-Boushaki, comme une grosse entreprise qui va, sans l’ombre d’un soupçon, révolutionner le transport maritime en Algérie.

Pourtant, devant les grosses promesses non tenues de ses anciens et actuels responsables hiérarchiques, ses vœux ne valent pas un kopek. Que des faux-semblants. En effet, lors d’une rencontre avec une délégation du FCE et le ministre des Transports le 24 janvier 2015, Amar Ghoul, alors responsable du département du Transport, avait dit que «le transport, dans ses différents segments, est la locomotive de l’économie», reconnaissant ainsi la dimension stratégique de son secteur.

Ce faisant, il a n’a pas manqué d’exprimer ses regrets et sa colère quant au fait que plus de 97% des marchandises destinées à l’Algérie ou quittant les ports algériens passent par les compagnies de transport étrangères. «Notre flotte nationale sera renforcée de 27 navires, nous allons réduire ce taux de 30%. Le reste du marché peut être couvert par le privé algérien», avait-il promis.

Toutefois, presque deux ans après, la promesse d’acquisition de 27 navire n’est toujours pas tenue, comme l’a si bien confirmé  Mohamed Ibn-Boushaki, directeur de la marine marchande et des ports auprès du ministère des Transports, qui a déclaré mercredi, sur les ondes de la Chaine 1, qu’ « il y a un plan pour acquérir 26 navires pour le renforcement de la flotte que ce soit pour Cnan-Nord ou Cnan-Med. »  L’ouverture du secteur du transport maritime aux investisseurs privés algériens n’est, elle, même pas à l’ordre du jour.

Ces mêmes promesses sans lendemains, Amar Ghoul n’est malheureusement pas le seul à les faire. Même Boudjemaa Talai les a faites à maintes reprises et ce, depuis son installation à la tête du département du transport. « «Arrêtons d’enrichir les compagnies maritimes étrangères ! » a-t-il tonné le 13 décembre 2015, lors d’un passage sur la Chaine III.  Depuis, bien de l’eau a coulé sous les ponts et nulle évolution n’a été enregistrée si ce n’est l’acquisition d’un seul navire en août dernier.

Pourquoi ne pas ouvrir le secteur au capital privé national ?

Pourquoi ne pas ouvrir le secteur au capital privé national quand on sait que la Compagnie Nationale Algérienne de Navigation ne compte que 7 navires alors que, durant les années 80, elle disposait de 78 navires, l’essentiel de la flotte étant réformé ou déclassé.  Pourquoi ne pas l’ouvrir quand on sait que la CNAN couvre moins de 3% des besoins du secteur, ce qui coûte à l’Algérie, selon Boudjemaaa Talai, plus de 4 milliards d de dollars par ans ? Pourquoi ne pas l’ouvrir quand on sait que les caisses de l’Etat étant déficitaire, l’Algérie est incapable de tenir ses promesses sans cesse réitérée  d’acquisition de 26 navires dans les 3 ans qui viennent ?

Pourquoi ne pas l’ouvrir quand on sait que  des groupes puissants, notamment Cevital et l’ETRHB Haddad, affichent une volonté sans ambages d’investir dans le secteur ? Pourquoi ne pas l’ouvrir quand on sait que cette ouverture est en mesure de permettre à l’Algérie de réduire considérablement les coûts de transport et permettre aux exportateurs algériens d’être plus compétitifs qu’ils ne le sont à présent ?

Décidément, au lieu de régler le problème en restituant au secteur des transports sa souveraineté marchande, le Gouvernement s’agrippe encore et toujours  au  replâtrage qui consiste à changer de nom au problème au lieu de le résoudre : passer de « Cnan » à « Serport et Gatma ».

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