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Aux « Cafés de l’architecture » à Alger, architectes, sociologues et économistes appellent à repenser l’habitat

Par Oussama Nadjib 20 novembre 2016
Une image du groupe facebook.com/Musaika

 

La deuxième édition des « cafés de l’architecture » du syndicat national des architectes agréés algériens (SYNAA) organisés samedi 19 novembre 2016 au palais de la culture à Alger a vu des architectes, sociologues et économistes débattre de la grande problématique de la qualité du logement en Algérie.

 

 « Habiter… ? » oui, mais comment ? Et à quel prix ? C’est une partie des questions abordées au cours de ces cafés de l’architecture » avec un constat que le sujet est un vaste chantier au sens aussi bien physique qu’intellectuel.

 Le logement en Algérie pose un grand problème de qualité. Depuis des années voire des décennies l’approche de la réalisation de logements en Algérie se base sur une seule et même typologie : de grands ensembles d’immeubles en périphérie des villes.

Une situation qui s’explique principalement par le fait que l’Etat reste l’unique promoteur de toutes les catégories de logements envisagés selon le même archétype avec le seul objectif de réaliser un nombre de logements toujours plus importants au détriment de la qualité.

 

 Un modèle défaillant

 Brahim Hasnaoui, entrepreneur et président du groupe Hasnaoui, souligne que les exigences du logement changent d’une époque à une autre. Le logement du 21ème siècle, estime-t-il est un logement, fonctionnel, écologique et économique.

 « Le logement de ce siècle doit disposer entre autres de l’isolation thermique et phonique. Les télécommunications, et tout ce qui concerne l’économie d’énergie pour introduire les énergies alternatives, il doit également être situé dans un environnement adéquat qui propose des services au niveau de la cité » souligne Brahim Hasnaoui. Et c’est un modèle que l’Algérie doit pertinemment déployer, ajoute-t-il.

 L’économiste Abdelkrim Boudra abonde dans le même sens en mettant l’accent sur la défaillance de la gouvernance urbaine en Algérie qui est incapable, dit-il, de produire autre chose que des « lots de logements ».  Le challenge aujourd’hui pour le secteur de l’habitat aujourd’hui, est de ne plus réfléchir en « logement massif » et d’inventer un nouveau modèle.

Un modèle défaillant qui trouve ses causes dans un système « Étatiste rentier » qui construit en masse, sans aucune préoccupation d’architecture, mais avec seulement la volonté de produire du chiffre, avec beaucoup déperditions et de surcoûts, indique Abdelkrim Boudra.  Pour mettre en place un nouveau modèle de logement, Abdelkrim Boudra, propose d’ouvrir le secteur à toutes les initiatives et créer de la compétitivité.

 Intérieur-extérieur, une vision culturelle

Mourad Bouzar, maître-assistant à l’école supérieur des beaux-arts (ESBA) a fait une intervention sur la réappropriation de l’espace du logement en soulignant que les architectes devraient consulter l’individu que va l’utiliser l’espace.

 « Loggias fermées, les balcons qui ne sont pas utilisés pour leur fonction, quelle que soit la conception que l’on offre, l’individu va se réapproprier cet espace. D’où l’impératif de tenir compte de ces éventuelles transformations, lors de la construction du logement », précise Mourad Bouzar.

 Razika Adani, philosophe, renvoie l’idée du logement à des tendances culturelles et traditionnelles. Elle désigne deux types de logements : l’un orienté à l’intérieur et l’autre à l’extérieur. Le contraste entre ces deux logements est que le premier privilégie l’embellissement de l’intérieur de la maison et néglige la façade, tandis que le second est son contraire.

 En Algérie, l’architecture des maisons traditionnelles était orientée à l’intérieur, la cour était à l’intérieur, les balcons donnaient sur la cour…etc.  Si ces maisons ont de nos jours disparus, la manière de penser cet espace est restée la même. Razika Adani estime qu’il est facile de constater la prédominance des logements orientés vers l’intérieur.

 « L’habitat s’oriente vers l’extérieur, seulement le comportement de l’individu vis-à-vis de l’espace et de l’autre n’a pas changé. Cela relève de l’égoïsme de l’individu, car il estime que l’embellissement de son extérieur profite principalement à des étrangers, d’où la dégradation de nos extérieurs », précise Razika Adani.

 En conclusion, la philosophe, indique que l’amélioration du cadre bâti en Algérie, doit obligatoirement passer par le changement de cette vision que les individus ont de l’habitat. Un chantier encore plus vaste que les plans de logements…

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