Avec un baril à 70 $, le Fonds de régulation des recettes sera épuisé en deux ans (expert) | Maghreb Émergent

M A G H R E B

E M E R G E N T

Algérie

Avec un baril à 70 $, le Fonds de régulation des recettes sera épuisé en deux ans (expert)

Par Maghreb Émergent
27 février 2015
Algérie Economie
Rachid Sekak, expert financier (dr.)

Algérie Economie

 

Déficit budgétaire, dévaluation, inflation, hausse des prix, érosion des investissements. La spirale qui guette l’économie algérienne se déplace. Un expert tente de l’évaluer, à travers une projection basée sur un baril de pétrole à 60-70 dollars durant le plan quinquennal.

Avec un baril de pétrole à 70 dollars, le Fonds de Régulation des recettes sera épuisé en deux ans, mais les réserves du pays en devises s’élèveront encore à 90 milliards de dollars en 2019, à la fin de l’actuel plan quinquennal. C’est ce que prévoit Rachid Sekak, expert financier, dans des projections visant à alerter sur les vrais dangers qui guettent l’économie algérienne, en étudiant différentes variantes durant le plan quinquennal en cours 2015-2019. Selon M. Sekak, au rythme des dépenses actuelles, l’Algérie aura encore 60 milliards de dollars de réserves de changes en 2019 avec un baril moyen à 60 dollars, et 90 milliards avec un baril à 70 dollars. Il n’y a donc pas d’inquiétude en ce qui concerne les ressources en devises. Par contre, dans tous les cas de figure, et même si les choses n’évoluent jamais de manière linéaire, le FRR sera épuisé en deux ans, poussant le pays vers une spirale qui risque de devenir incontrôlable, dit-il.

Il rappelle qu’en 2014, malgré un baril à 98 dollars, le déficit du trésor s’est élevé à 30.000 milliards de dinars, ce qui représente 17% du PIB. Avec un baril à 70 dollars, il faudra trouver l’équivalent de 23 milliards de dollars pour équilibrer le budget, et 28 milliards si le baril est à 60 dollars.

Risques d’inflation

La dette publique atteint aujourd’hui 8% du PIB. En maintenant les rythmes actuels de dépenses, elle sera multipliée par neuf en 2019 avec un baril à 70 dollars, et elle atteindra 60% du PIB avec un baril à 60 dollars, ajoute-t-il. Dans ce cas de figure, le gouvernement sera tenté d’agir sur la parité du dinar. Il sera, en effet, très facile de trouver des ressources budgétaires en dévaluant le dinar, mais cela se traduira par une inflation qui risque de tout détruire, averti M. Sekak. Pourtant, rappelle-t-il, le plan 2015-2019 est constitué à 80% des fameux restes à réaliser des deux plans antérieurs, ce qui signifie que des projets sont inscrits, budgétisés, mais non réalisés.

Sur un autre plan, Rachid Sekak déplace les priorités en matière d’hydrocarbures. « La question fondamentale n’est pas celle des prix, mais celle de la quantité » à produire et à exporter, dit-il, rappelant que « le repli de la production est une réalité ». « La valeur ajoutée a diminué d’un quart depuis 2008 », malgré un rebond annoncé en 2014, dit-il. Plusieurs facteurs ont, selon lui, contribué à ce reflux de la production et des exportations, dont le boom de la consommation locale. « En gros, on consomme la moitié du pétrole et le tiers du gaz produits », alors que l’Algérie a importé 4,7 milliards de dollars de carburants en 2014, rappelle M. Sekak.

Les réserves de change très bien gérées

Tout en affirmant qu’il veut rester « à la lisière du politique », M. Sekak souligne que ces données permettent de situer les vrais problèmes. Tout converge pour montrer, selon lui, que la priorité est dans le changement de modèle, non dans les restrictions sans lendemain. Il estime que l’Algérie a encore la possibilité d’amorcer le virage en douceur, en tirant profit de certains atouts.

Il se félicite, entre autres, de la gestion des réserves de change. « Les réserves de change ont été admirablement gérées par la Banque d’Algérie », dit-il à ce sujet, rappelant que la création éventuelle d’un fonds souverain, souhaitée par certains économistes, n’est pas du ressort de la banque centrale mais des autorités politiques. La Banque d’Algérie a été souvent critiquée pour sa gestion, jugée trop prudente, des réserves de change.

 

 

ARTICLES SIMILAIRES

Algérie Algérie

Réformes politiques et médias : la vision de Tebboune face aux inquiétudes des partis

Le président Abdelmadjid Tebboune déplore l’absence de débat autour du projet de loi sur les partis politiques qu’il a soumis à discussion, affirmant qu’il ne souhaite pas faire adopter une… Lire Plus

Actualités Algérie

Rentrée scolaire : Statuts et manuels sous le feu des critiques

La rentrée 2025 s’annonce particulière. Derrière le calendrier et les salles de classe, c’est tout un modèle éducatif qui se retrouve questionné : statuts, programmes, manuels et langues sont au… Lire Plus

Á la une Actualités

Controversé mais promu… Saïd Sayoud jouit d’une « confiance spéciale » du Président

Dans une décision inattendue, le président Abdelmadjid Tebboune a surpris en maintenant Saïd Sayoud au gouvernement. Beaucoup l’annonçaient sur le départ, il hérite au contraire de deux ministères stratégiques :… Lire Plus

Actualités Algérie

« La cour constitutionnelle conservatrice sur le code de procédure pénale » (député yagoubi- suite)

2e partie : Lecture constitutionnelle approfondie de la décision n° 02/CC/CS/C/2025 rendue par la Cour constitutionnelle le 16 juillet 2025 concernant la constitutionnalité des articles 78, 187 et 188 du Code de… Lire Plus

Actualités Algérie

La Turquie drague Haftar : un coup d’Ankara au détriment d’Alger ?

Alors que la situation est troublée à l’Ouest, Ankara drague le clan Haftar à l’Est. Au détriment d’Alger ? Tripoli est de nouveau exposée au risque d’un conflit entre milices… Lire Plus