Trois cents quatre mineurs algériens non accompagnés sont actuellement pris en charge dans les centres des îles Baléares. C’est le chiffre révélé samedi par Marga Prohens, présidente du gouvernement de l’archipel, qui a interpellé le gouvernement central de Pedro Sanchez pour qu’il organise leur rapatriement vers l’Algérie.
Cette annonce constitue une première : Jamais auparavant les autorités espagnoles n’avaient communiqué des données aussi précises sur le nombre de mineurs algériens sous tutelle, même si ce recensement ne concerne que l’archipel.
Dans un message publié sur le réseau social X, Marga Prohens a insisté sur la nécessité pour les administrations de « travailler pour que ces mineurs soient avec leurs parents », selon des propos rapportés par le quotidien Ultima Hora. Cette demande fait écho à celle formulée la veille par le Conseil d’Ibiza, qui avait interpellé l’ambassade d’Algérie en Espagne pour exiger le retour des 77 mineurs placés sous tutelle sur son territoire.
Alger et Madrid négocient déjà sur sept cas
La question du retour de mineurs algériens vers leur pays n’est pas nouvelle dans les discussions bilatérales. Le parquet espagnol examine actuellement, de manière exceptionnelle, une demande formelle du gouvernement algérien portant sur sept jeunes arrivés à Ibiza le 3 septembre dernier. Ces jeunes, âgés de 14 à 17 ans, ont traversé la Méditerranée à bord d’un bateau de plaisance.
Alger invoque une demande des familles. Selon les autorités algériennes, “les parents ont demandé l’exercice de l’autorité parentale” pour récupérer leurs enfants. Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a confirmé lundi dernier que le dossier était en cours de traitement, suite à sa rencontre avec son homologue algérien Said Sayoud. Le parquet n’a toutefois révélé aucun détail sur l’avancée de cette procédure inhabituelle.
Les responsables des îles Baléares se saisissent précisément de cette demande algérienne concernant les 7 mineurs qui ont défrayé la chronique en filmant abondamment leur escapade. C’est la brèche à travers laquelle ils cherchent à poser la question des mineurs algériens non accompagnés dans sa globalité et mettre la pression sur Madrid et Alger.
Une traversée qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux
L’arrivée de ces sept mineurs a marqué les esprits. Leur traversée de plus de 300 kilomètres depuis les côtes algériennes jusqu’à la Platja d’en Bossa s’est effectuée sans aucun adulte à bord, un scénario que les autorités locales ont qualifié d’ “insolite” et d’inhabituel. Les adolescents ont filmé et photographié leur périple maritime, partageant ces images sur leurs réseaux sociaux. Les vidéos ont rapidement fait le tour d’internet, bien au-delà de l’Espagne.
L’affaire s’est compliquée avec une plainte pour vol déposée par le propriétaire présumé du bateau. L’Ajuntament d’Ibiza a même publié une photo montrant un coupe-câble près du système de contrôle et de démarrage de l’embarcation, suggérant une manipulation. Le parquet espagnol reste toutefois prudent : aucune preuve formelle n’établit que les garçons aient volé le bateau.
Un dossier sensible de part et d’autre de la Méditerranée
La demande des autorités baléares tombe au moment où les arrivées depuis l’Algérie explosent. Au 15 octobre, on comptait 12 250 arrivées irrégulières sur la péninsule et aux Baléares, soit 22% de plus qu’en 2023, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur espagnol.
Les îles sont en première ligne. Depuis janvier, 6 104 personnes ont débarqué en provenance d’Algérie, soit 75% de plus qu’il y a un an. Pendant ce temps, les arrivées aux Canaries ont chuté de 59%. La route migratoire s’est déplacée vers la Méditerranée occidentale.
Pour les îles Baléares, accueillir plus de 300 mineurs pèse lourd sur les services sociaux locaux. Du côté algérien, le départ de ces jeunes vers l’Europe inquiète tout autant les autorités, surtout quand on sait les risques que représentent ces traversées. La demande de rapatriement des sept adolescents d’Ibiza montre qu’Alger et Madrid cherchent à coopérer sur ce dossier, même si concrètement, organiser ces retours reste compliqué juridiquement.





