Cette semaine, la Bourse d’Alger a confirmé qu’elle sert avant tout à permettre à l’État d’emprunter de l’argent. Pendant que les Bons du Trésor concentrent des centaines de millions de dinars d’échanges, les actions des entreprises restent quasi immobiles.
À Alger, ce ne sont pas les entreprises cotées en Bourse qui génèrent l’activité, mais les titres d’emprunt public. Sur les trois séances observées, l’indice DZAIRINDEX, qui mesure l’évolution des cours des actions, est resté stable entre 3 834 et 3 835 points. Cette stagnation contraste avec l’intensité des transactions sur les Bons du Trésor.
Certaines émissions d’emprunts publics totalisent plusieurs centaines de millions de dinars échangés. Cinq mille titres se négocient autour de 92% de leur valeur, mille autres autour de 87,5%. Ces emprunts d’État s’échangent avec des variations de prix très faibles, souvent quelques dixièmes de point seulement.
Pour les grands investisseurs, notamment les banques et les compagnies d’assurance, ces titres offrent un rendement garanti et un risque minimal. Dans un contexte où les placements rentables sont rares, ils deviennent le choix évident. Une dépendance qui s’est considérablement renforcée : les banques publiques détiennent désormais 34% de leurs actifs en titres du Trésor.
Du côté des actions, l’activité est limitée. Les principales valeurs de la place -AUR, BDL, BIO, CPA -continuent d’être négociées sans évolution notable. BDL reste à 2 501 dinars, BIO autour de 2 300 dinars, CPA à 420 dinars. Les volumes échangés sont modestes, compte tenu de la taille réduite du marché, et aucune tendance ne se dégage.
Cette domination des emprunts publics se vérifie dans la structure même du marché. À Alger, la Bourse sert d’abord à financer l’État, secondairement à financer les entreprises. Les compartiments Croissance et Premium, créés pour attirer de nouvelles sociétés et diversifier les placements, enregistrent une activité très faible. Les échanges sur des titres comme AOM, MST ou TS30 restent marginaux.
Cette situation reflète les difficultés de l’économie algérienne à diriger l’épargne vers les entreprises privées. Lorsque l’État capte la majorité de l’argent disponible sur le marché, les ressources pour financer les sociétés privées se réduisent. Et quand le marché des actions reste aussi étroit et concentré sur quelques valeurs seulement, il devient difficile de convaincre les épargnants d’y investir leur argent.