L’Office européen des statistiques (Eurostat) a publié son dernier rapport sur la délivrance des premiers titres de séjour en 2024. Les données, très attendues, placent l’Algérie à la 22ᵉ place avec 44 454 cartes de séjour délivrées dans l’ensemble des pays de l’Union européenne.
Un chiffre en léger recul par rapport à 2023, contrastant avec la tendance générale à la hausse observée chez ses voisins maghrébins.
Le Maroc, troisième nationalité bénéficiaire en Europe
Avec 188 420 cartes de séjour délivrées en 2024, le Maroc occupe une place de choix : la 3ᵉ nationalité en Europe derrière l’Ukraine et l’Inde. Les Marocains se distinguent aussi dans la catégorie des titres liés aux études, où ils décrochent la 2ᵉ place avec 44 057 titres. Ce dynamisme confirme le poids historique et démographique de la diaspora marocaine en Europe, notamment en France, en Espagne et en Italie, qui joue un rôle majeur dans le regroupement familial et la mobilité étudiante.
L’Algérie se situe bien plus bas dans le classement, à la 22ᵉ place. En 2024, les Algériens ont obtenu 44 454 cartes de séjour, soit moins que la Tunisie (54 831, 20ᵉ place) et l’Égypte (48 529).
Le motif familial reste le plus fréquent, avec 22 331 titres délivrés. Mais c’est dans le domaine des études que l’Algérie conserve une certaine visibilité : 14 099 titres, ce qui la place à la 8ᵉ position au niveau européen. Ce chiffre confirme l’attrait des étudiants algériens pour les universités françaises, espagnoles et italiennes, même si leur nombre recule légèrement par rapport à 2023.
Une baisse qui interroge
Alors que la majorité des pays tiers voient une augmentation du nombre de permis de séjour délivrés, l’Algérie enregistre un léger recul. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance :
Rigidité administrative : malgré l’existence d’accords bilatéraux, les procédures d’obtention de visas et titres restent complexes pour les Algériens.
Concurrence régionale : les Marocains et les Tunisiens, mieux insérés dans les réseaux migratoires européens, profitent davantage du regroupement familial et des opportunités étudiantes.
Évolution des flux migratoires : une partie de la jeunesse algérienne se tourne vers d’autres horizons, notamment le Canada ou les pays du Golfe, ce qui peut expliquer une baisse relative en Europe.
Diaspora marocaine et algérienne : deux trajectoires contrastées
Si les Marocains obtiennent plus de cartes de séjour que les Algériens, c’est aussi lié à la taille et l’ancienneté de leur diaspora en Europe. Les familles marocaines installées depuis plusieurs générations multiplient les demandes de regroupement familial, alimentant un flux constant de nouveaux titres.
Chez les Algériens, la dynamique est différente : la diaspora reste nombreuse et active, mais les restrictions administratives, combinées aux tensions diplomatiques parfois récurrentes, compliquent la fluidité des régularisations.
Un enjeu politique et social
Derrière ces chiffres, c’est une réalité plus large qui se dessine : celle de la compétition régionale autour de la mobilité. Le Maroc, avec sa 3ᵉ place européenne, s’impose comme le leader maghrébin incontesté. L’Algérie, elle, reste en retrait, malgré son poids démographique et son potentiel étudiant. La Tunisie et l’Égypte, toutes deux mieux classées, accentuent ce contraste.
Pour les membres de la diaspora, ces statistiques sont révélatrices d’un rapport particulier entre chaque pays et l’Union européenne. Là où certains profitent d’accords plus souples et de réseaux familiaux solides, d’autres peinent à transformer leur potentiel humain en chiffres significatifs.
Le rapport d’Eurostat sonne comme un avertissement pour l’Algérie : avec 44 454 cartes de séjour délivrées en 2024, le pays recule pendant que ses voisins progressent. Si le vivier étudiant reste un point fort, il ne suffit pas à compenser l’écart croissant avec le Maroc ou la Tunisie.