Le constat d’Abdelouahab Yagoubi sur l’absence de données fiables vient de trouver un écho inattendu au sommet de l’État.
Lors d’une conférence de presse qu’elle a animée ce vendredi au siège du parti des Travailleurs (PT), Louisa Hanoune rapporte, en effet, la « colère » du président de la République face aux “chiffres et données non factuelles et fausses” qui lui sont transmis, issus, selon elle, de sources “dans la plupart des cas non fiables” et ce, dans plusieurs secteurs. Une situation qui, toujours d’après ses propos, “gâche la lisibilité des situations” et “n’autorise pas le traitement des problèmes, ni en général, ni dans les délais requis”, au point de constituer “un véritable obstacle à l’atteinte des objectifs”.
Ce que Yagoubi décrit, lui, depuis les bancs de l’APN, c’est la même crise, mais vue du Parlement. Dans son intervention sur la loi de Finances 2026, le député revient sur huit années de promesses techniques restées lettre morte. La loi 18-15 devait poser les bases d’un système moderne de gestion budgétaire ; selon lui, rien n’a été construit sérieusement. “Nous n’avons ni système d’information intégré, ni données fiables, ni plateforme numérique pour permettre au Parlement de contrôler la dépense publique”, insiste-t-il. Autrement dit, même l’institution chargée de contrôler l’exécutif travaille à l’aveugle.
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Yagoubi va plus loin et met en cause la consistance même des chiffres présentés aux élus. Les montants “en milliards n’ont plus aucun sens”, affirme-t-il, estimant que le ministre lui-même a été déstabilisé par ses propres tableaux. Il dénonce un budget où l’on dépense 130 milliards de dollars pour n’en encaisser que 65, le reste étant qualifié de “déficit qu’on maquille sous le nom de financement interne”. “Ce n’est pas une réforme, c’est un camouflage monétaire dangereux”, résume-t-il, en rappelant que ce déséquilibre de près de 75 milliards de dollars lui paraît tout simplement insoutenable.
Ainsi, entre le président en colère contre des “chiffres non factuels et faux” et le député qui parle de données théoriques, floues ou maquillées, c’est la même alerte qui remonte : l’appareil d’État prétend piloter des choix budgétaires décisifs sans disposer d’un socle de données fiable, partagé et assumé.





