Pour boucler son budget 2026, la commune de Constantine a recours à une gymnastique comptable désormais familière aux collectivités locales : le report de deux mois de masse salariale sur le budget supplémentaire. Une opération d’équilibrage destinée à préserver, sur le papier, la continuité des services et des projets municipaux.
Réunie en session extraordinaire ce week-end, l’assemblée communale a validé un budget primitif de 6,53 milliards de dinars, marqué par un déficit de 452 millions de dinars. Les comptes présentés révèlent en effet une situation tendue : les dépenses obligatoires dépassent 3,60 milliards de dinars, la gestion courante nécessite 2,698 milliards de dinars supplémentaires, et les recettes propres ne s’élèvent qu’à environ 6,07 milliards de dinars.
Face à ce déséquilibre, l’assemblée a donc tranché : une réduction équivalente au déficit sera opérée sur le chapitre des salaires, étalée sur dix mois. Les deux mois restants seront reportés au budget supplémentaire. Autrement dit, les employés municipaux paieront la facture d’une gestion communale qui peine à équilibrer ses comptes.
Un budget sous pression
Les dépenses obligatoires de second rang engloutissent 3,60 milliards de dinars, auxquelles s’ajoutent 1,21 milliard de dinars pour les dépenses facultatives, tandis que l’entretien de la gestion des cimetières nécessite à lui seul 232 millions, et le fonctionnement général de la commune mobilise plus de 500 millions, portant le total à 6,53 milliards de dinars.
Côté recettes, la situation n’est guère plus reluisante. La fiscalité locale ne représente que 465 millions de dinars (7,65% des ressources), les dotations de l’État 56,75%, tandis que les subventions du Fonds de garantie des collectivités locales ne pèsent que 13,04%. Les revenus du patrimoine communal ne dépassent pas 7%, et les taxes locales plafonnent à 1%.
370 millions pour l’investissement, si tout va bien
Malgré ces contraintes, Constantine maintient un effort d’équipement, du moins sur le papier. Les élus ont validé un prélèvement de 10% sur le budget d’équipement, soit 319 millions de dinars, auxquels s’ajoutent 54 millions issus de la taxe sur l’habitat prévue par la loi de finances 2026. Au total, un peu plus de 370 millions de dinars pour des infrastructures scolaires et des équipements publics dont la réalisation reste à confirmer.
Parmi les chantiers prioritaires : la réhabilitation du patrimoine immobilier communal, la poursuite des travaux de la fourrière municipale, une expertise du pont Mellah Slimane, et l’achèvement du stade Hassan Bourtal. Côté éducation, plusieurs écoles primaires bénéficieront de travaux de rénovation, ainsi que le renforcement des murs de soutènement.
Le programme prévoit également l’installation de terrains de proximité en gazon synthétique et d’aires de jeux pour enfants dans plusieurs quartiers, ainsi que des études pour la climatisation et l’analyse des sols de cantines scolaires.
L’enveloppe finance aussi l’aménagement de la gare routière ouest Bouaba Farhat, la réparation d’une conduite de 700 mm au réservoir du quartier Khaznadar, la réhabilitation des réseaux d’assainissement des cités Picasso et de la rue Bouhali Said, ainsi que le renforcement de l’approvisionnement en eau potable dans la partie haute de la cité 1er novembre. Des investissements indispensables, mais fragilisés par un équilibre budgétaire obtenu au prix d’un tour de passe-passe comptable.
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