Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a organisé hier une conférence de presse avec les journalistes arabes qui se sont rendus à Moscou pour couvrir le sommet russo-arabe prévu le 15 octobre, mais reporté à une date ultérieure.
Interrogé sur le rôle que joue l’Africa Corps (des forces militaires russes présentes en Afrique, notamment au Mali), Lavrov a nié les accusations de crimes contre les civils commis par ces forces, les qualifiant d’« accusations sans fondement ».
Il a ajouté : « Si vous faites référence au Mali, l’Africa Corps y travaille à la demande et à l’invitation des autorités légitimes de ce pays. Nous sommes conscients des différends qui existent entre nos amis algériens et maliens. » Jusque-là, rien d’anormal dans les déclarations du chef de la diplomatie russe.
Sergueï Lavrov minimise la responsabilité russe
Mais lorsqu’il a tenté d’expliquer les raisons de la crise dans les relations algéro-maliennes, Lavrov s’est livré à un exercice diplomatique inquiétant. « Ces différends sont (appelons-les par leur nom) liés au passé colonial, lorsque les colonisateurs se sont contentés de diviser l’Afrique selon une ligne droite, divisant ainsi les groupes ethniques. Cela s’est produit dans la partie centrale du continent africain : Rwanda contre Burundi, Tutsis contre Hutus. Dans le cas de l’Algérie et du Mali, il s’agit des Touaregs », a-t-il dit.
Les relations algéro-maliennes n’avaient jamais connu de crise avant celle déclenchée depuis l’arrivée des forces russes dans le nord du Mali. L’Algérie n’a jamais été partie prenante du conflit opposant le gouvernement de Bamako aux rebelles touaregs et n’a jamais eu de conflits frontaliers avec le Mali. À quoi joue donc le ministre russe ?
une lecture biaisée et mensongère
Lavrov jette la responsabilité des différents conflits qui minent l’Afrique aux « anciens colonisateurs », estimant que « cet héritage éclate constamment sous la forme de divers conflits », et conclut : « Je n’exclus pas que ceux qui ont tracé les lignes le long des frontières tentent parfois de provoquer une escalade. »
Il a déclaré être prêt à aider l’Algérie et le Mali à « résoudre leurs différends », affirmant : « Nous sommes en contact avec nos amis algériens et maliens. Tous deux souhaitent que nous les aidions à résoudre leurs différends. Nous sommes prêts à le faire. »