À Bamako, la pénurie de carburant persiste et se durcit. Malgré l’arrivée annoncée de plusieurs centaines de citernes escortées dans la capitale le 26 octobre, la plupart des stations-service restent à sec. Dès l’aube, files interminables, motos, taxis, tricycles et véhicules particuliers se pressent sans certitude d’obtenir une goutte.
Les trajets en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire demeurent sous la menace d’attaques revendiquées par le JNIM d’Iyad Ag Ghaly. Plusieurs camions-citernes sont pris pour cible, perturbant un approvisionnement déjà fragile. Dans le même temps, les autorités renforcent le contrôle des axes frontaliers, notamment côté algérien, réduisant les flux informels de carburant dont de nombreux ménages et transporteurs dépendaient.
Conséquence : transports urbains paralysés, prix en hausse, commerces ralentis. Chauffeurs et livreurs évoquent des pertes sévères. « Trois jours ici et toujours pas d’essence », dit Moussa Traoré, taxi-man visiblement épuisé. D’autres abandonnent leurs engins et marchent pour aller travailler.
Sur les marchés, les commerçants constatent retards de livraison et hausse des prix. « Tout est ralenti, les denrées montent », note Bakary Konaté à Médina-Coura.
Face à l’exaspération, plusieurs membres du gouvernement multiplient les visites de terrain. Ils saluent « la résilience » et appellent à « resserrer les rangs ». Le comité interministériel de gestion des crises, réuni le 28 octobre sous l’autorité du Premier ministre, promet des mesures d’urgence pour les régions les plus touchées, tout en reconnaissant des abus au sein des forces de sécurité dans certaines stations. Une police militaire sera déployée pour sanctionner les manquements.
Les autorités affirment que le ravitaillement se poursuit « conformément aux instructions du président de la Transition ». Un nouveau convoi escorté de camions-citernes est arrivé dans la nuit de mercredi à jeudi. En attendant un retour à la normale, Bamako s’adapte, contrainte, à une crise énergétique de plus en plus visible.
 
                             





 
