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En Algérie, le discours sur les énergies renouvelables ne se renouvelle pas

Par Maghreb Émergent
24 octobre 2017

 

M. Guitouni maintient le cap chimérique énoncé par un de ses éphémères prédécesseurs, Nouredine Bouterfa.

 

Les ministres changent, les discours et les méthodes non. Le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, très attendu sur les énergies renouvelables, a reproduit les mêmes discours convenus, sans aucune innovation.

Les énergies renouvelables patinent dangereusement en Algérie. Le discours des officiels sur la transition énergétique ne se renouvelle pas non plus. Ce qui fait office de programme se résume à une série de lieux communs, de banalités et de déclarations d’intention, sans effet sur la réalité économique du pays.

Le 7ème salon des énergies : Energies renouvelables (ERA 2017), qui se tient à Oran du 23 au 25 octobre au Palais des Conventions à Oran, l’a largement confirmé. Le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, et la ministre de l’Environnement et de la transition énergétique, Fatima Zerouati, s’y contentés de discours de convenance, sans relief ni innovation. Le Programme des énergies renouvelables, élaboré en 2011, a été révisé et été érigé en priorité nationale lors d’un conseil des ministres de mai 2015, a rappelé M. Guitouni, qui affirme vouloir « maintenir les objectifs » initiaux en vue de parvenir à 4.000 mégawatts à l’horizon 2020 et 45 à 51 terrawatts à 2030.

Comment y parvenir ? M. Guitouni maintient le cap chimérique énoncé par un de ses éphémères prédécesseurs, Nouredine Bouterfa. Il veut « réussir l’option industrielle », c’est-à-dire produire des énergies renouvelables qui s’appuieraient sur des équipements produits en Algérie. M. Bouterfa voulait que cette condition soit énoncée dans l’appel d’offres. Il est parti, mais l’appel d’offres, annoncé comme imminent il y a un an, est toujours à l’état de projet.

Langue de bois et nouveautés

M. Guitouni semble s’orienter vers les mêmes choix que son prédécesseur, quand il affirme que le succès du renouvelable en Algérie impose au gouvernement « deux conditions de succès ». Selon lui, il faut « mettre en place une véritable action économique orientée vers la réalisation du projet », et ne pas se contenter d’importer les équipements. « Pas question », affirme-t-il, tranchant, sur ce second point.

Mais concrètement, M. Guitouni n’a fait aucune annonce. Ni procédures, ni financements, ni incitations bancaires, ni formules de rachat de l’énergie. Rien. Le particulier ou l’investisseur qui veut s’équiper en renouvelable doit se débrouiller seul, dans le magma de la règlementation et des contraintes de la bureaucratie algérienne.

Cela limite fortement les possibilités pour le renouvelable. Un ingénieur chinois affirme clairement : « il n’y a rien ; tout est flou ». Selon lui, il est « impossible de concevoir un projet d’énergie renouvelable dans les conditions actuelles ». Il faut « réunir un minimum de conditions », notamment connaitre « les conditions d’achat de l’électricité, les conditions de financement et les conditions d’investissement », dit-il.

« Devenir leader et exportateur »

Le ministère de l’Energie n’en est pas encore là. Face aux besoins très complexes du secteur, il est contraint de se limiter à des tâches primaires, comme « recenser les sites à haut potentiel », les seules actions qu’il semble en mesure de mener à bien.

Cela réduit considérablement les opportunités de recours à l’énergie renouvelable. L’écart entre le prix de l’énergie conventionnelle et celle renouvelable reste si important que seules quelques niches très réduites peuvent être intéressantes. Un installateur algérien les énumère, mais il a vite fit le tour : de petites installations isolées, pour lesquelles un investissent classique serait trop lourd en raison de leur éloignement, par exemple.  Autrement, lui-même, pourtant installateur, conseille à ses clients de s’adresser à Sonelgaz pour une alimentation électrique classique. C’est tout dire.

Cela suffit à montrer tout le côté superficiel du discours officiel sur la question. Mais cela n’empêche pas M. Guitouni d’affirmer avec un aplomb étonnant, qu’en matière de renouvelable, l’Algérie veut être « leader » en équipements et en production d’énergie, et devenir exportatrice de panneaux solaires.

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