La gestion des entreprises publiques en Algérie révèle un paysage marqué par une instabilité chronique dans plusieurs secteurs stratégiques. Un phénomène qui existe depuis plusieurs années, mais qui semble s’être accentué ou maintenu à l’ère Tebboune. Plusieurs exemples concrets illustrent cette réalité.
Dans le secteur de l’énergie, Sonatrach est un exemple emblématique. Elle a connu 9 PDG en seulement 15 ans, une rotation qui témoigne d’une volatilité importante et d’un certain désordre managérial. Cette instabilité a débuté bien avant l’arrivée de Tebboune et s’est aggravée par des affaires de corruption , certains anciens dirigeants ayant été incarcérés, ce qui perturbe la continuité stratégique de la compagnie.
Une instabilité aux racines profondes
Autre exemple d’instabilité manageriale, Sonelgaz fut longuement dirigée par Noureddine Boutarfa, qui a occupé ce poste pendant 12 ans, avant d etre nommé minitre de l’énergie en 2016. Son départ a marqué un changement brutal dans la gouvernance, et depuis, la société a connu une succession rapide de 6 PDG différents en moins de 10 ans, illustrant une instabilité accrue. La période pré-Tebboune a déjà été caractérisée par cette instabilité, qui s’est poursuivie sous cette nouvelle ère, déstabilisant la stratégie de développement et d’adaptation aux nouvelles exigences du marché.
Algérie Télécom a connu 7 PDG en 5 ans, traduisant une instabilité similaire, avec des efforts récents pour stabiliser la direction via la nomination d’Hichem Andaloussi en 2025.
une gouvernance sous tension
Les holdings industriels comme Madar et IMETAL illustrent une stabilité relative qui a été récemment remise en cause par des scandales et des remous internes. Madar, par exemple, n’a connu qu’un seul PDG depuis sa création, qui vient d’être relevé récemment suite à des scandales. IMETAL a vu 3 PDG se succéder en 5 ans, en lien avec des mouvements stratégiques, notamment le transfert de Mohamed Réda Boudab à SEAAL.
Le groupes portuaire SERPORT a connu 4 PDG en 5 ans, une instabilité qui affecte la gouvernance des ports et leur capacité à mener des projets de long terme. Dans le domaine des transports, Air Algérie reste un exemple frappant d’instabilité chronique. En vingt ans, elle a connu 6 PDG, avec des changements fréquents surtout dans la dernière décennie.
Pour SEAAL, la période post-départ du partenaire français Suez a été marquée par une succession rapide de dirigeants, avec au moins 3 PDG depuis la sortie de Suez en 2021, traduisant une instabilité accrue dans la gestion des services d’eau et d’assainissement.
Concernant Saidal, le groupe pharmaceutique public, l’année 2025 a été particulièrement agitée avec 4 PDG différents en moins d’un an (Ouassim Kouidri d’avril 2023 à février 2025, Abdelouahed Grimes de février à avril 2025, Yahia Saad-Eddine Naili d’avril à juillet 2025, Nabila Benyaghzer depuis juillet 2025), traduisant une forte rotation et des tensions internes.
Quelle orientation pour le secteur public algérien ?
Le secteur bancaire n’a pas échappé à cette insatbilité, notamment à la Banque d’Algérie qui a même traversé une période sans gouverneur officiel, suite au départ d’Aïmen Benabderrahmane devenu Premier ministre.
Dans les autres banques publiques comme la Banque Nationale d’Algérie (BNA), la Banque Extérieure d’Algérie (BEA) ou la Banque de Développement Local (BDL), les mandats des PDG ont été en moyenne de deux ans à trois. Mais la majorité banques publiques ont connu de nouveaux dirigeants depuis au moins 2023
Il est à noter que cette instabilité existait avant Tebboune, mais elle semble s’être intensifiée ou s’être étendue à davantage d’entreprises dans son administration. La volonté de renouveler la gouvernance, bien que nécessaire, semble parfois précipitée ou mal calibrée, accentuant une instabilité qui nuit à la performence économique et à la crédibilité des entreprises publiques.





