Le tribunal de Madrid a acquitté pour la seconde fois José Faya López, le commercial espagnol qui avait révélé en 2015 un système de corruption autour de contrats publics en Algérie. Ce jugement renforce la légitimité des lanceurs d’alerte et leur rôle dans la lutte contre la corruption, un sujet d’une brûlante actualité pour les citoyens algériens.
José Faya López est l’homme grâce auquel ont été dévoilées les pratiques occultes entourant plusieurs contrats passés par des entreprises espagnoles en Algérie. Son acquittement confirme que son geste- remettre des documents confidentiels à la justice espagnole- était parfaitement légal. Le tribunal a estimé que ces documents avaient été obtenus dans le cadre normal de ses fonctions professionnelles, et qu’aucune preuve ne permettait d’affirmer qu’ils avaient été diffusés à des tiers. En d’autres termes, la justice espagnole reconnaît officiellement la valeur d’un signalement émanant d’un salarié impliqué dans des opérations touchant l’Algérie.
L’affaire concerne deux contrats majeurs attribués à l’entreprise espagnole Elecnor, en consortium avec d’autres sociétés. Le premier porte sur la construction du tramway de Ouargla, un chantier évalué à environ 230 millions d’euros et attribué en 2013. Le second concerne la station de dessalement de Souk Tleta, d’un montant de 250 millions d’euros, octroyé en 2009. Selon l’acte d’accusation, des commissions occultes auraient été versées à des responsables algériens ou à leurs proches sous diverses formes : logements, transferts bancaires ou financement d’études.
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La justice espagnole a renvoyé devant un tribunal les anciens députés Pedro Gómez de la Serna et Gustavo de Arístegui, ainsi que plusieurs hauts responsables d’Elecnor. Ce renvoi confirme le caractère sérieux de l’enquête et démontre que les soupçons de collusion entre intérêts économiques espagnols et responsables algériens restent pleinement d’actualité.
Un lanceur d’alerte algérien en attente de justice
Mais au-delà des responsabilités pénales qui pourraient être établies, cette décision établit clairement un principe : le lanceur d’alerte doit être protégé. En acquittant José Faya, la justice espagnole envoie un message fort à tous ceux qui, en Europe comme en Algérie, souhaitent dénoncer des dérives, des contrats douteux ou des arrangements occultes. La transparence, affirme le tribunal, n’est pas un délit mais un acte civique indispensable au fonctionnement de l’État de droit.
La comparaison avec l’Algérie est inévitable. À Oran, le lanceur d’alerte Noureddine Tounsi, ancien responsable commercial de l’entreprise portuaire, a été licencié pour avoir dénoncé des irrégularités. La justice algérienne lui a donné raison à plusieurs reprises et a ordonné sa réintégration. Pourtant, la direction de l’entreprise portuaire refuse toujours d’exécuter ces décisions judiciaires.
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En Espagne, un lanceur d’alerte est acquitté et protégé. En Algérie, un autre attend encore que justice soit faite. Deux pays, deux systèmes, deux destins?





