Avec l’euro qui s’échange à 280 dinars sur le marché noir, le gouvernement multiplie les garde-fous pour contenir la demande de devises. Lundi, le ministère du Commerce et la Direction générale des Douanes ont publié un communiqué conjoint qui resserre, une fois de plus, les règles d’importation des voitures de moins de trois ans.
Le texte rappelle que ce dispositif reste strictement réservé aux particuliers résidents, et limité à une seule importation tous les trois ans. Pas de sociétés, pas d’intermédiaires, pas de montage collectif. L’opération doit être individuelle, personnelle, et encadrée par les règles fixées par la loi de finances 2020, modifiée par celle de 2025.
Si cette précision administrative peut paraître mineure, elle intervient dans un moment où chaque euro acheté hors circuit bancaire coûte une petite fortune. Importer une voiture, même une petite citadine d’occasion, devient un gouffre pour le portefeuille. Et chaque importation déclenche un passage obligé par le marché parallèle, qui reste la seule source de devises pour la majorité des ménages. Au final, la pression s’accroît sur un marché informel déjà en surchauffe.
C’est là que le rappel du ministère prend tout son sens. En insistant sur le caractère strictement individuel du dispositif et en interdisant formellement la revente dans les circuits non autorisés, les autorités cherchent à empêcher que l’importation des voitures de moins de trois ans ne se transforme en petite niche commerciale, et donc en moteur supplémentaire de demande en euros.
Le gouvernement sait qu’il ne règle pas le problème de fond. Mais avec un euro à 280 dinars, une demande automobile asphyxiée et un marché parallèle qui fait office de soupape faute d’offre bancaire suffisante, ce communiqué ressemble clairement à une tentative d’alléger un peu la pression. Autrement dit, il veut éviter que ce mécanisme ne devienne un nouveau canal d’hémorragie de devises dans un moment où la moindre annonce peut déséquilibrer encore davantage un marché déjà fragile.





