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Europe verrouille ses frontières, le nouveau système biométrique qui inquiète les sans-papiers et la diaspora

Par Djaffar Ouigra
10 octobre 2025

À partir du 12 octobre 2025, l’Union européenne franchit un nouveau cap dans le contrôle de ses frontières. Un système automatique d’enregistrement biométrique entre progressivement en vigueur, imposant à tous les voyageurs non européens la prise d’une photo et de leurs empreintes digitales à chaque passage. Officiellement, cette réforme vise à “moderniser” la gestion des frontières et à lutter contre l’immigration irrégulière. Mais derrière le langage technocratique, beaucoup y voient un signal clair : l’Europe se referme un peu plus.

Ce dispositif, baptisé EES (Entry/Exit System), remplacera à terme le tampon manuel sur les passeports. Désormais, chaque entrée et sortie du territoire européen sera enregistrée et conservée dans une base de données commune à tous les États membres. Objectif affiché : identifier plus facilement les étrangers qui dépassent la durée légale de leur séjour, renforcer la coopération policière et mieux suivre les flux migratoires.

Un pas de plus vers une Europe forteresse
Sur le papier, tout semble logique. Mais sur le terrain, la mesure suscite de vives inquiétudes, surtout parmi les ressortissants de pays comme l’Algérie, le Maroc ou la Tunisie, qui voyagent souvent pour étudier, travailler ou rejoindre leur famille installée en Europe. Ce nouveau système complique encore davantage les démarches pour ceux qui, déjà, subissaient les lenteurs et les refus massifs de visas.

Pour les sans-papiers vivant sur le sol européen, l’EES représente un risque supplémentaire. En enregistrant systématiquement les empreintes digitales et les photos à chaque franchissement de frontière, les autorités pourront repérer plus facilement les personnes en situation irrégulière, ou celles ayant déjà fait l’objet d’un signalement. “C’est une façon déguisée de surveiller tous les étrangers, même ceux qui ne posent aucun problème”, confie un membre d’une association de soutien aux migrants à Marseille.

Des files d’attente… et des doutes


L’Union européenne assure que la mise en œuvre se fera “progressivement” et sans perturbations majeures. Pourtant, les premières inquiétudes émergent déjà. Les compagnies aériennes, ferroviaires et maritimes craignent de longues files d’attente aux points de contrôle, notamment dans les grands aéroports comme Paris-Charles de Gaulle, Francfort ou Madrid-Barajas.

Le ministère français de l’Intérieur parle d’un “défi logistique majeur”. En clair, la France, qui reste la première destination touristique du monde, redoute que la mesure ralentisse le trafic et complique la vie des millions de voyageurs attendus chaque année. Pour éviter la pagaille, seules quelques vérifications symboliques seront d’abord effectuées, avant une généralisation d’ici avril 2026.

Le Royaume-Uni aussi concerné


Fait marquant : les Britanniques, pourtant sortis de l’Union européenne, ne sont pas épargnés. Leurs ressortissants devront également se soumettre au nouveau dispositif lors de leurs déplacements vers l’espace Schengen. À Londres, les autorités ont déjà prévenu que les contrôles pourraient prendre “quelques minutes de plus” à chaque passage.

Les compagnies exploitant le tunnel sous la Manche ou les trains Eurostar, comme “Getlink” et “Eurostar”, ont installé des bornes spéciales pour collecter ces données biométriques avant l’embarquement. Des caméras et des capteurs d’empreintes ont été installés dans les gares et les ports.

Et après ? Le visa numérique européen
Ce nouveau système n’est qu’une première étape. Dès 2026, l’Union européenne lancera un visa électronique baptisé ETIAS, inspiré du modèle américain (ESTA). Tous les voyageurs issus de pays dispensés de visa court séjour devront remplir un formulaire en ligne avant leur départ, payer une petite taxe et obtenir une autorisation numérique avant d’entrer dans l’espace Schengen.

Les autorités européennes présentent cette mesure comme un “outil de sécurité moderne”. Mais pour la diaspora maghrébine, déjà confrontée à des procédures complexes et à une méfiance administrative persistante, c’est une couche de contrôle supplémentaire.

Entre sécurité et exclusion


Officiellement, Bruxelles insiste sur la nécessité de “protéger les citoyens européens” et de “mieux maîtriser les flux migratoires”. Pourtant, sur le plan humain, la réalité est plus nuancée. Des milliers de familles risquent d’être séparées encore plus longtemps, des étudiants verront leurs projets freinés, et les travailleurs saisonniers, déjà fragiles, se retrouveront davantage sous surveillance.

L’Europe dit vouloir plus de sécurité. Mais pour beaucoup, c’est surtout un climat de méfiance généralisée qui s’installe. Entre la peur des “clandestins” et l’obsession du contrôle, le vieux continent semble oublier que derrière chaque empreinte, il y a un visage, une histoire, un espoir d’avenir

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