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Algérie

Face à la mobilisation anti-gaz de schiste, Sonatrach persiste et signe

Par Yacine Temlali
11 janvier 2015
Selon le PDG de Sonatrach, le forage-test d’In Salah a confirmé « le caractère exploitable » du gaz de schiste.

Dans un contexte de larges protestations contre le gaz de schiste, le PDG de Sonatrach continue à défendre la nécessité d’exploiter les ressources en hydrocarbures non conventionnels. Selon lui, un projet de gaz de schiste produisant 20 milliards de mètres cube crée 50.000 emplois directs et indirects.

 

 

Alors qu’une mobilisation inédite contre l’exploitation du gaz de schiste s’étend dans les villes du sud de l’Algérie, le PDG de Sonatrach, Saïd Sahnoun, a défendu les choix de la compagnie pétro-gazière publique de se lancer à moyen terme dans l’exploitation des ressources non conventionnelles, rejetant les arguments économiques et environnementaux des opposants au gaz de schiste. « On fera de la marge », a-t-il déclaré, tout en assurant que « les normes seront respectées » pour éviter toute atteinte à l’environnement.

Sonatrach doit « accroître, renforcer et diversifier les réserves » en hydrocarbures, a rappelé M. Sahnoun au cours d’une émission diffusée sur les ondes de la Radio nationale algérienne. Elle doit « assurer l’approvisionnement du marché interne » et garantir les exportations pour assurer le financement de l’économie ». En 2015, la consommation interne atteindra 35 milliards de m3 de gaz. Au 1er janvier, un pic historique a été atteint, avec 100 millions de m3 consommé en une journée, a-t-il indiqué.

M. Sahnoun a déclaré qu’il faut « lever les ambiguïtés sur le gaz de schiste », ajoutant que Sonatrach veut « initier le débat » sur la question. Un premier puits est entré en production dans la région d’In Salah. « Le puits produit des gaz propres, les rejets sont sous contrôle », a-t-il expliqué affirmant que ce forage-test a été lancé pour « confirmer le caractère exploitable de la ressource ». Selon lui, « l’entreprise est viable ».

 

« Nous travaillons de manière contrôlée »

 

Minimisant la dangerosité de la fracturation hydraulique, fortement contestée par les opposants au gaz de schiste, M. Sahnoun a indiqué que cette technique a été utilisée dans 2,5 millions de puits dans le monde. En 2013, 493.000 puits la pratiquant étaient en exploitation, selon lui. « Tous les traitements de rejets seront mis en place », a-t-il promis assurant que Sonatrach travaille « de manière contrôlée et mesurée ». Quant aux produits chimiques, elle en a utilisé sept à In Salah, a ajouté M. Sahnoun affirmant qu’ils représentent 1% de ce qui est injecté.

Pour M. Sahnoun, « on ne peut pas négliger une ressource aussi attractive ». De même, « on ne peut pas demander à Sonatrach de rester en marge » des techniques d’exploitation. Il a assuré que l’exploitation ne sera lancée que « si les coûts sont maîtrisés » et si les prix sont dans « un environnement compatible ».

Les estimations actuelles font état de 20.000 milliards de m3 « techniquement récupérables », même si on ne sait pas à quel coût.

 

59,5 milliards de dollars de recettes en 2014

 

Le PDG De Sonatrach a, par ailleurs, indiqué que les exportations d’hydrocarbures ont rapporté à l’Algérie 59,5 milliards de dollars en 2014, contre 72 milliards en 2013. Le prix moyen du pétrole algérien était de 98 dollars pendant l’année écoulée. Malgré cette baisse, la compagnie algérienne « ne va pas modifier » son plan d’investissement, qui prévoit 18 milliards de dollars en 2015 et 90 milliards sur cinq ans. Elle ne veut pas « rompre la dynamique » lancée, a-t-il dit.

Sonatrach, a rappelé M. Sahnoun, va recruter 3.000 ingénieurs et 5.000 techniciens pour « s’approprier les métiers et les technologies », notamment dans le gaz de schiste. Un projet de gaz de schiste produisant 20 milliards de mètres cube crée 50.000 emplois directs et indirects, selon lui et Sonatrach va réaliser « plusieurs projets » de cette envergure.

Le PDG de Sonatrach s’est voulu rassurant quant à l’état des réserves de l’Algérie en hydrocarbures. Malgré les quantités prélevées, celles-ci ont augmenté entre 1993 et 2013, a-t-il expliqué, précisant que pour la seule année 2014, les réserves ont augmenté de 498 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) entre découvertes et réévaluation.

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