À l’approche des fêtes de fin d’année, la Tunisie ne devrait pas enregistrer l’afflux habituel de touristes en provenance d’Algérie. Contrairement aux années précédentes, où les hôtels et complexes touristiques affichaient complet lors du réveillon, les indicateurs actuels pointent une nette baisse des déplacements. Pour beaucoup d’observateurs, le tourisme algérien vers la Tunisie appartient désormais au passé, du moins à court terme.
Cette situation s’explique principalement par deux décisions majeures prises en décembre par les autorités en Algérie. Elles émanent du ministère des Transports et de la Banque d’Algérie. Ensemble, elles rendent les déplacements massifs de touristes algériens vers la Tunisie difficiles, voire quasi impossibles.
Le ministère des Transports serre la vis sur les voyages organisés
D’abord, le ministère des Transports a durci l’encadrement des voyages organisés à l’étranger. Désormais, chaque agence de tourisme doit obtenir une autorisation spécifique pour chaque voyage hors d’Algérie. La demande, accompagnée de la liste complète des voyageurs, doit être déposée au moins quinze jours avant la date de départ. Cette exigence complique fortement l’organisation des séjours, surtout en période de forte demande.
Ensuite, de nouvelles contraintes techniques ont été imposées. Le bus utilisé ne doit pas dépasser dix ans de service. Or, cette condition est difficile à remplir, compte tenu de l’âge moyen du parc roulant en Algérie et de l’indisponibilité des bus neufs sur le marché local. De plus, un bus conforme ne peut effectuer qu’un seul voyage par mois. Par ailleurs, la présence obligatoire de deux conducteurs par bus augmente mécaniquement les charges d’exploitation.
Face à ces contraintes cumulées, la plupart des agences de voyages ont été contraintes d’annuler leurs programmes prévus pour la fin de l’année. Certaines évoquent même un arrêt quasi total des voyages organisés vers la Tunisie depuis l’Algérie.
L’allocation touristique durcie par la Banque d’Algérie
Parallèlement, la Banque d’Algérie a durci les conditions d’octroi de l’allocation touristique. Certes, le montant reste fixé à 750 euros par adulte et 300 euros par mineur. Cependant, les modalités d’accès ont été profondément modifiées. Depuis une semaine, il est obligatoire de disposer d’un compte bancaire pour en bénéficier.
En outre, la contrepartie en dinars doit être réglée exclusivement par chèque ou carte bancaire, via des paiements dématérialisés. Cette exigence exclut de fait de nombreux profils, notamment les chômeurs et les étudiants, qui ne sont généralement pas autorisés à ouvrir des comptes bancaires en Algérie. Ces derniers doivent désormais passer par les comptes de leurs parents, lorsque cela est possible. À cela s’ajoute le refus des cartes de paiement d’Algérie Poste, pourtant largement utilisées.
Un impact immédiat aux frontières algéro-tunisiennes
Ces deux décisions ont eu un impact immédiat sur le tourisme vers la Tunisie. Selon plusieurs pages Facebook locales, les longues files d’attente aux postes frontaliers entre l’Algérie et la Tunisie ont totalement disparu. La circulation est redevenue fluide, un fait inhabituel en cette période de l’année.
Enfin, un responsable d’agence de voyages confirme que les annulations de séjours dans les hôtels tunisiens se sont multipliées ces derniers jours. Ce constat illustre clairement l’effet direct de ces mesures sur les flux touristiques entre l’Algérie et la Tunisie, à un moment clé du calendrier touristique.





