Le marché automobile algérien traverse une crise sans précédent. Malgré la reprise partielle des importations et la relance industrielle incarnée par Fiat Algérie, les showrooms restent désespérément vides. Cette pénurie étouffante a ouvert la voie à un phénomène inquiétant : la multiplication des arnaques à la fausse livraison, qui exploitent la détresse d’un public lassé d’attendre.
Dans les grandes villes comme dans les wilayas de l’intérieur, trouver une voiture neuve relève du parcours du combattant. Le manque d’offre, combiné à des prix en hausse continue, crée un terrain propice à toutes les dérives.
Une soif automobile qui tourne à la détresse
Depuis des mois, les Algériens scrutent les sites officiels, guettant la moindre annonce d’ouverture de commande. Mais les volumes produits localement, notamment par Fiat à Oran, ne couvrent qu’une fraction infime de la demande nationale. Les quotas, souvent réservés à des listes d’attente interminables, entretiennent une frustration grandissante.
Dans ce contexte de rareté, les réseaux de fraudeurs se sont rapidement adaptés. Leur promesse ? Une livraison garantie et rapide — souvent en quelques jours — moyennant un acompte ou la transmission de coordonnées bancaires.
Une illusion bien rodée, qui joue sur le désespoir de citoyens prêts à tout pour obtenir une voiture, même au prix du risque.
Fiat Algérie tire la sonnette d’alarme
Face à la prolifération de ces escroqueries, Fiat Algérie a publié un communiqué officiel dénonçant des individus usurpant l’identité de ses représentants commerciaux.
Le constructeur rappelle qu’il ne sollicite jamais de données bancaires ni de paiements par téléphone, e-mail ou SMS.
La marque invite les clients à vérifier toute transaction auprès des concessionnaires agréés ou via son service client officiel (0770 165 165).
« Ces appels ne proviennent ni de nos institutions ni de nos sites web officiels », précise Fiat, rappelant que seuls les canaux certifiés garantissent la sécurité des opérations.
Un marché asphyxié, terrain de jeu pour les escrocs
Cette vague d’arnaques n’est que le reflet d’un déséquilibre profond. Les voitures, même d’entrée de gamme, se vendent à des prix bien supérieurs à ceux affichés il y a deux ans.
Malgré les efforts de relance industrielle, l’offre nationale reste marginale et les importations demeurent strictement encadrées.
Résultat : les consommateurs se tournent vers le marché parallèle, où les marges atteignent des sommets et où les fausses annonces prolifèrent sans contrôle.
Les spécialistes le reconnaissent : le cœur du problème n’est pas seulement l’escroquerie, mais bien la pénurie. Tant que les Algériens ne pourront pas acheter de véhicules neufs à un prix abordable et dans des délais raisonnables, les fraudeurs auront toujours une longueur d’avance.
Entre promesse industrielle et réalité amère
En relançant la production locale, Fiat incarne un espoir, mais cet effort reste loin de combler la soif automobile du pays.
Tant que l’industrie nationale ne montera pas en puissance, la crise persistera. Le marché a besoin de plus de voitures, de plus de transparence et, surtout, d’une régulation stricte contre la spéculation.
Aujourd’hui, l’Algérie ne manque pas seulement de véhicules, elle manque d’une stratégie claire pour rendre la voiture neuve accessible à tous, sans que l’attente ou la rareté ne deviennent un piège tendu par des escrocs de plus en plus habiles.