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Importations en Algérie : quand la réalité rattrape les interdictions

Par Oussama Nadjib 25 août 2025

Levée des interdictions d’importer des lubrifiants et des bus. Deux annonces imposées par le réel faites ce lundi 25 août 2025 qui montrent les limites d’une politique fondée sur les restrictions administratives et la préservation des réserves de change.

Deux annonces faites aujourd’hui sont révélatrices, une fois de plus, des limites de la gestion de l’économie par le levier de l’importation. Les opérateurs industriels viennent de voir « levée » l’interdiction qui leur était faite d’importer des lubrifiants. Motif : l’opérateur public, Naftal, n’est pas en mesure de satisfaire la demande. Une autre annonce est tombée aujourd’hui également : l’importation des bus est désormais ouverte. La tragédie d’Oued El Harrach et la révélation de l’ampleur de la dégradation du parc de transports sont passées par là. Le réel, parfois tragique, rattrape les mesures prises sous le seul prisme de la préservation des réserves de change, réflexe automatique lors des variations à la baisse des cours du pétrole et du gaz. Ce que disent ces « levées » d’interdit est que les mesures administratives ne résistent pas devant le réel.

Une déroutante inflation de règles

De fait, ces derniers reculs interviennent dans un contexte restrictif visant à brider les importations, officiellement pour contrer ceux qui profitent du système pour faire de la revente en l’état. L’idée, aussi louable soit-elle, impacte aussi les opérateurs « clean » qui subissent, depuis fin 2024, une avalanche de nouvelles obligations. Ils ont été astreints à déclarer leurs ventes et leurs stocks, sous peine de perdre leur certificat de conformité. Il y a eu grogne et risque de blocage, on a fait un « report » du délai au 31 mars 2025. Dernière mesure controversée : l’introduction, en juillet, par le ministère du Commerce d’un programme prévisionnel d’importation, devenu le sésame pour obtenir une domiciliation bancaire. Sans ce document, des conteneurs sont restés bloqués dans les ports, accentuant l’incertitude des opérateurs. Ces mesures qui ciblent en théorie les fraudeurs affectent dans les faits l’ensemble du tissu productif. Comme à chaque alerte sur les cours, les opérateurs se retrouvent à essayer de gérer avec des règles qui n’en finissent pas de changer et qui sont décidées et appliquées sans concertation.

L’obsession des réserves de change comme politique

Il y a une « logique » à ces mesures : l’obsession de protéger les réserves de change, avec en toile de fond le souvenir de la fin des années 80 avec la crise de la dette se terminant par le plan d’ajustement structurel négocié avec le FMI en 1994. Depuis, la démarche fondée sur une approche défensive – pour reprendre un terme footballistique – fait office de stratégie économique. On multiplie les interdictions et on recule quand le réel force à constater, après coup, qu’elles créent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. Les cas des lubrifiants et des bus en sont les exemples les plus récents : la décision administrative finit toujours par céder face aux contraintes du marché ou aux pressions sociales. Personne ne semble en mesure en Algérie de vaincre la bureaucratie… sauf le réel.

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