Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a placé l’industrie automobile au cœur de la réunion du Conseil des ministres qu’il a présidée ce lundi. Après des années de scandales et d’irrégularités qui ont entaché ce secteur stratégique, les autorités entendent désormais jeter les bases d’un modèle industriel sérieux, structuré et souverain.
Ce rappel à l’ordre intervient alors que l’Algérie tente de tourner la page d’une décennie marquée par les échecs retentissants de pseudo-projets de montage automobile, soutenus par des réseaux d’intérêts opaques et parfois liés à des pratiques frauduleuses. Des hommes d’affaires aujourd’hui poursuivis en justice, comme Mahieddine Tahkout ou les frères Kouninef, avaient bénéficié de privilèges exorbitants sans jamais créer une véritable chaîne de valeur locale.
Face à cet héritage lourd, le président Tebboune a tenu à saluer les nouveaux opérateurs agréés dans le cadre de la relance industrielle actuelle, qualifiant leurs projets de « sérieux » et alignés avec l’objectif d’installer une véritable industrie mécanique nationale. Il a appelé à rompre avec l’histoire noire des fraudeurs actifs dans le secteur avant 2019.
Un cadre strict et des priorités clairement définies
Le chef de l’État a réaffirmé que les autorisations liées à la fabrication et à l’importation de véhicules relèvent exclusivement du Conseil des ministres, afin d’éviter toute dérive ou interférence politique et bureaucratique. Il a par ailleurs insisté sur l’intégration obligatoire des sous-traitants algériens qualifiés dans les différentes spécialités de la filière, notamment dans l’assemblage, l’électronique embarquée et la fabrication de pièces détachées.
Il a également ordonné l’ouverture du marché aux entreprises nationales spécialisées dans les composants électroniques, les batteries et autres segments liés à l’électrification des véhicules, soulignant la nécessité d’accompagner les mutations du secteur automobile mondial.
L’objectif stratégique affiché : faire en sorte que cette filière en gestation contribue à hauteur d’au moins 12 % au PIB national, une ambition qui nécessite la mobilisation d’un écosystème industriel cohérent et la mise en place d’un encadrement rigoureux.
Blanchiment d’argent, protection des données, incendies : autres dossiers sensibles à l’agenda
Outre l’industrie automobile, la réunion du Conseil des ministres a également été marquée par l’approbation de deux projets de loi: le projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme et le projet de loi sur la protection des personnes physiques dans le traitement des données à caractère personnel.
Le président Tebboune a souligné que l’Algérie a mis en place des mécanismes rigoureux pour lutter contre la corruption et les crimes financiers, rappelant les progrès accomplis en matière de gouvernance depuis 2019. Il a insisté sur la protection des citoyens dans le traitement de leurs données, dans un contexte de numérisation croissante de l’administration.
Mobilisation contre les risques d’incendies
Enfin, le chef de l’État a consacré une partie de la réunion à la prévention des incendies de forêts, alors que les températures estivales atteignent des niveaux critiques. Il a : Ordonné la mobilisation maximale des moyens humains et matériels, appelé à une coordination renforcée entre les différents corps d’intervention et exigé une vigilance accrue lors des opérations de moisson, période à haut risque pour les départs de feu.