Pour la troisième année consécutive, Koukou Éditions ne participera pas au Salon international du livre d’Alger (SILA), prévu du 29 octobre au 8 novembre 2025. La maison d’édition, spécialisée dans l’essai politique et le témoignage historique, dénonce une décision « sans fondement légal » et une procédure « contraire à la Constitution ».
Dans un communiqué publié ce lundi 28 octobre, son directeur Arezki Aït Larbi rappelle qu’une plainte avait été déposée en 2024 pour atteinte aux libertés, abus et usurpation de fonctions contre le président de la Commission de censure et le commissaire du SILA. Cette action judiciaire, ouverte il y a 18 mois, vient de s’achever par un non-lieu confirmé par la chambre d’accusation de la Cour d’Alger.
Une procédure close sans procès
Le juge d’instruction a estimé que le dossier relevait du tribunal administratif et non du pénal.
Koukou Éditions soutient au contraire que l’affaire dépasse le cadre d’un simple différend administratif : elle mettrait en cause, selon Aït Larbi, la liberté d’expression de plusieurs auteurs algériens privés de rencontre avec leur public.
Lors de l’enquête, le président de la Commission de censure, Tidjani Tama, aurait indiqué que l’exclusion de Koukou résultait d’un rapport des services de sécurité, transmis à la ministre de la Culture Soraya Mouloudji, accusant certaines publications d’« atteinte à l’image de l’Algérie ». La défense estime que ce document, qualifié de « secret », n’a jamais été versé au dossier ni vérifié par le juge d’instruction.
Des antécédents de tensions avec les autorités
Fondée il y a plusieurs années, Koukou Éditions a souvent été confrontée à des mesures de retrait ou d’interdiction lors de manifestations culturelles. En 2016, son stand au SILA avait été saccagé avant l’inauguration, rappelle le communiqué. En 2018, des membres de la commission de censure avaient tenté de saisir un ouvrage sans décision judiciaire. En 2022, des livres avaient été temporairement retirés du stand sur demande de douaniers. En 2023, l’éditeur avait été exclu du salon pour « non-respect du règlement intérieur » et en 2024, plusieurs ouvrages avaient été retirés de librairies publiques, et l’éditeur écarté d’un salon du livre amazigh à Tizi Ouzou.
Dans son communiqué, Aït Larbi affirme que la décision d’exclusion « heurte les principes fondamentaux de l’État de droit » et appelle à la restauration de la primauté de la Constitution.
Le ministère de la Culture n’a pas encore commenté ces accusations.





