La 40e édition de la Mostra de València – Cinema del Mediterrani s’ouvre sous le signe du renouveau. Quarante années d’existence pour un festival emblématique qui célèbre un anniversaire symbolique et ambitieux, avec la volonté affirmée de se réinventer et de consolider son rôle de carrefour du cinéma méditerranéen.
Du 23 octobre au 2 novembre, la capitale de la Communauté valencienne deviendra le cœur battant de la création cinématographique méditerranéenne. Une programmation élargie, de nouveaux espaces de projection, des activités parallèles et des formats innovants viendront rythmer cet événement. L’objectif : affirmer la Mostra comme la principale vitrine de l’audiovisuel méditerranéen et un lieu d’échanges privilégié pour celles et ceux qui considèrent le cinéma comme « un outil de culture, de réflexion et de transformation sociale ».
Le festival s’est ouvert avec La cena (Le dîner), le nouveau film de Manuel Gómez Pereira, une comédie dramatique située dans l’Espagne de l’après-guerre, inspirée de l’œuvre de José Luis Alonso de Santos. Le long métrage réunit un casting prestigieux : Mario Casas, Alberto San Juan, Elvira Mínguez, Antonio Resines et Asier Etxeandia.
La section officielle, particulièrement dense cette année, proposera 13 films en compétition, venus de Grèce, d’Égypte, de Turquie, d’Arabie saoudite, de Tunisie, d’Italie, de France, du Portugal et d’Espagne. Une véritable traversée du bassin méditerranéen à travers les regards croisés de ses cinéastes les plus prometteurs.
Pendant dix jours, les cinémas Babel, la Filmoteca, la Galería Tossal et le Palau de la Música accueilleront projections, débats et rencontres autour de longs, moyens et courts métrages ainsi que de documentaires issus de toute la Méditerranée : de l’Italie à la Tunisie, en passant par la Grèce, la Turquie, l’Égypte et l’Algérie.
Cette 40e édition mettra à l’honneur les formats hybrides et les voix féminines, privilégiant des œuvres audacieuses qui explorent de nouvelles formes narratives et visuelles, loin des canons classiques du récit.
Hommages et rétrospectives
Des rétrospectives, avant-premières, hommages et projections spéciales rendront hommage à des figures emblématiques du cinéma méditerranéen. Tables rondes, colloques et rencontres professionnelles viendront enrichir l’événement, confirmant la Mostra comme un rendez-vous incontournable pour les cinéphiles et les professionnels du secteur.
Comme chaque année, la Mostra distinguera des personnalités majeures du cinéma espagnol. La Palmera de Honor, distinction suprême du festival, a été décernée lors du gala inaugural à Fernando Bovaira et Sol Carnicero, deux producteurs dont le parcours incarne l’excellence et la vitalité du cinéma national.
Sara Mansanet, directrice du festival, a rappelé que la lauréate « n’est pas seulement la première directrice de production d’Espagne et l’une des fondatrices de l’Académie du cinéma, elle est aussi un témoin privilégié de l’histoire du cinéma espagnol des cinquante dernières années. C’est une véritable institution. »
Émue, Sol Carnicero a déclaré : « Cet hommage récompense les femmes qui n’étaient pas mises en avant à l’époque. Ma plus belle récompense a été de pouvoir participer à des films à une époque où il n’était pas facile pour une femme d’exercer ce métier. » Et d’ajouter : « Il rend aussi hommage à celles qui nous ont précédées, comme Ana Mariscal ou Margarita Alexandre. Nous n’avons pas dû si mal faire notre travail, puisque nous représentons aujourd’hui plus de 50 % de la profession. »
La Cabina : un nouveau chapitre
Grande nouveauté de cette édition : La Cabina, jusqu’à présent un festival indépendant consacré au moyen métrage, est désormais intégrée à la Mostra sous le nom de La Cabina Mostra, en tant que section compétitive.
Cette évolution, annoncée par Sara Mansanet, également sous-directrice de la cinématographie et de l’audiovisuel du Palau de la Música, « permet de conserver l’identité propre de La Cabina tout en renforçant la structure globale du festival ».
Parmi les 13 films de cette nouvelle section figure Je est une autre, moyen métrage algérien de Walid Sahraoui (51 min).
L’œuvre nous transporte à Oran, où Salim, bouquiniste solitaire, mène une existence rythmée par les livres et les rencontres fortuites. Sa petite librairie de vingt mètres carrés devient le centre d’un microcosme bigarré, refuge de liberté et de parole. Un matin, en triant de vieux disques, il découvre la photo d’une femme : ce cliché devient le point de départ d’une série de rencontres et de portraits croisés qui révèlent la richesse cachée d’un univers en apparence ordinaire.
Le cycle du 40e anniversaire
Pour marquer son quarantième anniversaire, la Mostra propose un cycle rétrospectif exceptionnel présentant vingt films lauréats de la Palmera de Oro, retraçant l’histoire du festival et les grandes thématiques méditerranéennes qui l’ont façonné.
Parmi eux, Les Diseurs de vérité (Al-Sahafiyoun) de Karim Traïdia, lauréat en 2000. Le film raconte l´histoire d´ un journaliste algérien dont les chroniques satiriques et courageuses mettent sa vie en péril. Invité aux Pays-Bas pour une table ronde, il se voit proposer l’asile politique qu’il refuse avec ironie, préférant retourner en Algérie. Une œuvre poignante, mêlant fiction et réalité, sur la liberté et la peur.
Autre film marquant : Harragas de Merzak Allouache, primé en 2009. Le long métrage dépeint le drame des migrants clandestins quittant Mostaganem pour rejoindre l’Espagne, à seulement 200 kilomètres de leurs côtes. Dix « brûleurs » embarquent pour une traversée périlleuse vers un Eldorado incertain. Quinze ans plus tard, cette œuvre résonne toujours avec une brûlante actualité : celle des migrations et des rêves brisés aux portes de l’Europe.
