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L’Algérie renforce son offre pour devenir un hub de construction automobile (OBG)

Par Yazid Ferhat
2 avril 2016

Traditionnellement un importateur net de véhicules, l’Algérie renforce son offre pour devenir un hub de construction automobile en attirant sur ses rives les acteurs majeurs de l’industrie.

 

Suivant la conclusion de trois accords récents, le constructeur français Peugeot-Citroën, l’italien Iveco et l’allemand Volkswagen devraient déployer de nouvelles usines d’assemblage dans le pays au cours des deux prochaines années.

Soutenir l’investissement afin de développer les capacités de production locales fait partie d’une initiative plus large prise par le gouvernement qui cherche à freiner les dépenses d’importation et ré-industrialiser l’économie algérienne en mettant un accent prononcé sur l’augmentation du contenu local.

 

Un vecteur majeur d’expansion

 

L’industrie automobile algérienne suscite un intérêt considérable parmi les investisseurs qui y voient une alternative intéressante pour aider à contrebalancer la stagnation des ventes en Europe. Le marché de l’automobile algérien – le deuxième plus grand marché en Afrique – a connu une forte croissance au cours des cinq dernières années et cette tendance devrait se poursuivre jusqu’en 2020.

Le gouvernement souhaite tirer profit des coûts salariaux concurrentiels qu’offre le pays et de sa localisation géographique stratégique. Située au nord du continent Africain, la  position géographique de l’Algérie offre aux constructeurs européens la possibilité d’étendre leur portée en Afrique où, selon les médias de l’industrie, le taux de motorisation est aux alentours de 130 véhicules pour 1000 habitants. Ce taux correspond à peu près à un quart du taux européen.

Dans le cadre du projet d’expansion de Peugeot-Citroën, le géant français bâtira une usine de construction automobile au nord-ouest de la région d’Oran où la marque française Renault a ouvert la première usine de construction d’automobile de l’Algérie en Novembre 2014.

Dans cette nouvelle usine Peugeot-Citroën, la production sera largement centré sur la Citroën C-Elysee, la Peugeot 301 et la Peugeot 208.                                                    

L’usine Renault d’une valeur de 50 millions d’euros, est le produit d’un accord conclu entre la compagnie, la Société Nationale des Véhicules Industriels de l’Algérie et le Fond d’Investissement National. A ce jour, l’usine a produit plus de 20 000 véhicules.

Depuis le constructeur français a élargi ses opérations dans son usine algérienne pour atteindre une production annuelle de 25 000 véhicules. Renault prévoit d’ajouter un troisième quart de travail de huit heures dans l’usine pour atteindre en 2019 une production annuelle de 75 000 unités.

Iveco, quant à lui, prévoit de construire une usine d’assemblage de camions dans la zone industrielle située au sud-est de la capitale, à Bouira. Au mois de décembre, Pierre Lachute, président d’Iveco, a déclaré aux médias que cette dernière devrait être opérationnelle d’ici Novembre 2016.

Construit pour un coût total estimé à 35 millions d’euros, l’installation aura une capacité de production initiale de 1500 véhicules par an. Cette capacité de production pourrait atteindre 8000 véhicules par an d’ici 2024.

Dans le cadre d’un troisième accord, Volkswagen est prêt à ouvrir une usine de 170 millions d’euros dans la ville de Relizane située au nord-ouest. Cette usine aura une capacité de montage allant jusqu’à 100 000 véhicules par an.

D’autres accords pourraient être en cours de négociation selon Abdeslam Bouchouareb, ministre de l’industrie et des mines.

“Nous sommes également en train de négocier avec un partenaire iranien, et Nissan a exprimé son souhait de s’implanter en Algérie,” a-t-il déclaré à la presse en Janvier, en ajoutant que les discussions avec Fiat et Hyundai avancent également.

 

Viser les chaînes de valeurs

 

Alors que l’Algérie fait des progrès dans l’expansion du montage sur place, d’autres segments, y compris la fabrication de pneus et des pièces détachées, se développent à un rythme un peu plus lent, traduisant ainsi un plus grand défi auquel les industries algériennes doivent faire face.

«Il est important que le niveau de l’activité industrielle soit suffisant afin de créer une demande pour les services de sous-traitants, » a déclaré à OBG en fin d’année dernière, le directeur général de Renault Algérie, Guillaume Josselin. «Voilà pourquoi les grands projets industriels sont d’une importance capitale; ils créent de la demande, ce qui permet d’accroitre l’intégration locale dans la chaîne de valeur ».

Alors que le développement de la chaîne de valeur locale attend de recevoir un coup de pouce dans le cadre des plans du gouvernement pour créer près de 50 zones industrielles à travers le pays, il existe également des preuves d’un progrès précoce sur ce front en ce qui concerne l’industrie automobile.

Au début de l’année 2016, Mercedes a annoncé son projet de construction d’un centre de production des pièces de rechange dans le sud du pays. De son côté, Renault conduit actuellement des études de faisabilité pour la construction d’une usine de production de pièces de rechange à Constantine au nord-est de l’Algérie.

Renault Algérie travaille pour faire passer son taux de contenu local de 16% à 42% en 2019 grâce à la sous-traitance de pièces comme celles utilisées dans le rembourrage, le câblage et les fenêtres grilles. A la fin de 2015, la société a conclu des accords avec trois sous-traitants locaux pour l’achat de pièces plastiques moulées par injection, de câbles et de sièges.

Des efforts similaires pour augmenter l’approvisionnement local et la sous-traitance dans les chaînes industrielles automobiles d’approvisionnement ont donné des résultats impressionnants dans deux pays disposant d’un grand marché de fabricants locaux de composants d’automobiles, à savoir au Maroc et en Tunisie.

 

La logique d’importation

 

Dans le passé, une production nationale d’automobile limitée a rendu l’Algérie dépendante des importations pour pouvoir répondre à la demande locale. Le pays a importé environ 300 000 véhicules en 2015 et près de 440 000 l’année précédente.

Dans le but de stimuler la production locale, le gouvernement a introduit des restrictions au niveau des licences d’importation d’automobile. Ces restrictions sont entrées en vigueur au mois de Janvier. Le gouvernement a fixé un quota 152 000 unités pour toute une série de véhicules importés – tant pour les passagers que pour le transport – pour 2016, ce qui équivaut à un peu plus de la moitié des unités importées l’année dernière.

Les nouvelles dispositions légales concernant les licences ont déjà un fort impact sur l’industrie. Selon les données du Centre national pour les statistiques douanières, comparées à l’année précédente, les importations d’automobiles ont diminué de plus de 66% pour atteindre au mois de Janvier les 9309 unités.

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