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La BM accusée d’avoir modifié les indicateurs de Doing Business pour des motivations politiques

Par Ahmed Gasmia
17 janvier 2018

 

 

Ces révélations fracassantes sur le classement Doing Business ont provoqué un tollé à Washington et semé le doute sur la crédibilité de cette institution financière multilatérale.

 

L’économiste en chef de la Banque Mondiale (BM), Paul Romer, a affirmé récemment que cette institution de Bretton Woods avait modifié injustement les indicateurs de son rapport annuel sur le climat des affaires dans le monde pour des motivations politiques.

Dans un entretien accordé vendredi dernier au Wall Street Journal, M. Romer a fait savoir que les changements de la méthodologie du rapport, opérés ces dernières années, ont été motivés par des considérations  politiques, citant le cas du Chili dont la notation a été volontairement abaissée depuis l’arrivée au pouvoir de la socialiste Michelle Bachelet en 2014.

Le Chili, qui a enregistré depuis 2010 une progression constante dans le Doing Business, a vu son classement chuter de la 34ème place en 2014 à la 57ème en 2017 en raison de l’introduction d’un indicateur sur les délais de paiement des impôts, imposé aux entreprises, qui a coûté cher à ce pays en matière d’attractivité économique.

Ce recul important dans le classement a été enregistré alors que les conditions économiques du Chili n’ont affiché aucune détérioration, selon l’économiste en chef qui affirme que les auteurs du rapport auraient voulu donner « une mauvaise image de la situation économique » de ce pays de l’Amérique Latine.

La régression du Chili aurait profité au Mexique qui a capté, durant quatre années, l’essentiel des IDE vers l’Amérique Latine. « Je veux m’excuser personnellement auprès du Chili et des autres pays qui auraient pu être affectés par ces changements », a indiqué M. Romer au Wall Street Journal.

Plus grave encore, il a affirmé que les quatre derniers rapports de Doing Business de la BM doivent faire l’objet d’une rectification car fondés sur une méthodologie injuste.

Le nouvel examen risque d’impacter le classement de l’Inde qui a gagné 40 places en l’espace de quatre années, passant de la 140ème place en 2014 à la 100ème en 2018, selon ce responsable.

« C’est de ma faute parce que nous n’avons pas suffisamment clarifié les choses », a-t-il avoué en indiquant qu’il ne pouvait défendre « l’intégrité » du processus qui a introduit des changements à la méthodologie établi par la BM pour évaluer l’attractivité des pays en matière d’investissement.

Ces changements majeurs ont été opérés par son prédécesseur, Kaushik Basu, éminent économiste indien, actuellement professeur d’économie à la prestigieuse université Cornell.

Lundi, M. Romer a publié les notations qu’aurait obtenues le Chili sans ces modifications injustes. Ces révélations fracassantes sur le classement Doing Business ont provoqué un tollé à Washington et semé le doute sur la crédibilité de cette institution financière multilatérale.

La présidente chilienne, qui s’apprête à laisser le pouvoir en mars prochain, a demandé à la BM de rectifier les résultats obtenus par son pays en exigeant une enquête approfondie sur cette manipulation. La BM a réagi aux révélations de son économiste en chef en affirmant qu’elle traitait les pays « sur un même pied d’égalité ».

« Les indicateurs et la méthodologie de Doing Business sont conçus sans aucun pays à l’esprit (… ). Toute modification de la méthodologie est effectuée à travers un processus de consultation rigoureux, a précisé la BM dans un communiqué diffusé sur son site internet.

La BM a promis, cependant, de revoir les résultats du Chili pour s’assurer que la notation attribuée à ce pays n’a pas été manipulée.

« A la lumière des préoccupations exprimées dans les médias par l’économiste en chef de la Banque mondiale, Paul Romer, et de notre engagement pour l’intégrité et la transparence, nous allons mener un audit externe sur les indicateurs du Chili », a fait savoir cette institution financière mondiale.

Le classement Doing Business a été maintes fois décrié, alors que la Chine, deuxième économie mondiale, a carrément demandé sa suppression.

 

 

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