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«La société algérienne a besoin de se désintoxiquer de la rente pour engager la rupture» (Abdelkrim Boudraa de Nabni)

Par Maghreb Émergent
28 janvier 2014
Abdelkrim Boudraa, porte-parole du think-tank Nabni (Ph. A. Touati)

Abdelkrim Boudraa, porte-parole du think-tank Nabni (Notre Algérie Bâtie sur de Nouvelles Idées) a eu du mal à cacher sa frustration ce mardi sur Radio M. Sur les 100 idées de rupture proposées par Nabni en 2013, applicables à court terme, très peu ont été prises en compte par les pouvoirs publics. Son explication ? La société n’est pas encore préparée à cette perspective.

 

Pour Abdelkrim Boudraa, l’année 2013 a été une année « perdue » en matière de changement de cap dans la gouvernance à forte odeur de pétrole et 2014 ne donne aucun signal que les pouvoirs publics se préparent à amorcer ce virage. « Il y a un début de mise en œuvre pour 8 ou 10 de nos propositions mais c’est très peu par rapport à ce à quoi nous nous attendions, » regrette le porte-parole de Nabni, invité mardi sur Radio M, la web radio de Maghreb Emergent. Parmi les propositions retenues par le gouvernement, il cite quelques mesures de dé-bureaucratisation, la révision des prérogatives du Calpiref en matière d’octroi d’assiettes foncières pour l’investissement et la réduction annoncée, de la durée du service national à 9 mois.
Pour le reste, c’est le statu quo et « la dépendance à la rente est toujours une donnée structurante en Algérie », estime Abdelkrim Boudraa. « Les chantiers de la rupture sont inexistants car le système est pollué et virusé par cette disponibilité abondante des ressources financières issues du pétrole, », explique-t-il. « Pourtant, il y a un réel péril en la demeure et l’iceberg se rapproche, » ajoute-t-il, insistant sur l’urgence « de revenir graduellement à des règles de bon sens en coupant progressivement l’Algérie de sa dépendance à la fiscalité pétrolière et l’amener vers d’autres chemins de croissance ».
« Confort de la rente »
Pour autant, le porte-parole de Nabni avoue que le contexte social et politique algérien, lui aussi, ne favorise pas un changement de cap. « La société est habituée au confort de la rente et ne veut pas rompre avec elle », a-t-il dit. Et d’après lui, les pouvoirs publics ne seront pas amenés à aller à contre-courant de la rente, au risque de voir la population se retourner contre le système, « particulièrement dans le contexte électoral en cours en Algérie ». Raison pour laquelle il dit ne pas s’attendre à un changement en 2014. Cela étant, Nabni n’entend pas « rester les bras croisés » et continuera à produire des idées et des propositions pour « le système de santé, pour l’éducation, la culture et l’économie ». « Nous maintenons notre proposition de mettre en place un observatoire des politiques publiques car il est important d’étudier leur impact surtout que beaucoup d’argent est dépensé pour cela », a-t-il dit.

Abdelkrim Boudraa a également fait le mea-culpa de Nabni, « qui n’a peut être pas assez communiqué sur ses idées avec la société » pour les faire adhérer à leurs idées de rupture avec la rente. « Nous devons interagir avec la société et les acteurs sociaux sur les idées de réforme et de rupture pour que les algériens les partagent et prennent conscience que le paquebot Algérie fonce droit vers l’iceberg », a-t-il avoué. Les animateurs de Nabni se sont promis de rectifier le tir en 2014 en communiquant d’avantage sur les idées de leur think-tank avec les économistes, les universitaires et les organisations de la société civile «pour faire émerger un consensus au sein de la société qui amènerais les pouvoirs publics à changer de cap avant qu’il ne soit trop tard », explique Abdelkrim Boudraa. Car l’Algérie doit entamer son « processus de désintoxication de la rente», en réduisant progressivement le recours à la fiscalité pétrolière, dont le niveau de dépendance du pays reste dangereusement élevé, a-t-il conclu.

 

 

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