Les cours du Brent repassent sous le seuil symbolique des 60 dollars ce vendredi, portés par les spéculations sur un accord de paix en Ukraine. Pour la première fois depuis le début du conflit, les traders intègrent l’hypothèse d’un retour massif du pétrole russe.
Ce vendredi 19 décembre, le baril de Brent pour livraison février s’affiche à 59,71 dollars, en repli de 0,18 %. Le WTI américain suit à 56,02 dollars (-0,23 %). Sur une semaine, les deux références mondiales perdent plus de 2 %, enchaînant un deuxième recul hebdomadaire consécutif. Mais ce qui se joue va bien au-delà d’un simple ajustement technique.
Donald Trump a lâché le morceau jeudi : les pourparlers pour mettre fin à la guerre en Ukraine “approchent de quelque chose de concret”. Une rencontre américano-russe est prévue dès ce week-end. Et sur les marchés, cette déclaration a produit l’effet d’une bombe. Les traders intègrent désormais un scénario impensable il y a encore quelques mois : le retour du brut russe sur le marché international, sans les détours actuels par les “flottes fantômes” et les circuits parallèles.
Le Venezuela éclipsé par l’ombre russe
En effet, malgré l’annonce spectaculaire d’un blocus naval américain sur les tankers vénézuéliens- avec une interception réelle par les gardes-côtes la semaine dernière-les prix continuent de baisser. Pourtant, cette mesure coupe théoriquement l’accès à environ 1 % de l’offre mondiale. Caracas a beau avoir laissé partir jeudi deux supertankers non sanctionnés vers la Chine, ça ne change rien à la donne.
Car un baril vénézuélien en moins ne pèse rien face à la perspective d’un retour massif du pétrole russe. “L’incertitude sur les modalités d’application du blocus et l’optimisme autour d’un éventuel accord de paix mené par les États-Unis en Ukraine apaisent les craintes sur l’approvisionnement mondial”, explique Tony Sycamore, analyste chez IG, cité par le site spécialisé Attaqa. Autrement dit, le marché anticipe déjà une normalisation des exportations russes.
Le calcul est simple. La Russie produisait avant le conflit environ 10 millions de barils par jour, dont une large part destinée à l’Europe. Depuis février 2022, ces volumes ont été redirigés vers l’Asie, principalement l’Inde et la Chine, via des réseaux opaques et des prix décotés. Si un accord de paix intervient, ces flux pourraient retrouver leurs circuits traditionnels, mettant une pression considérable sur les cours.





