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Le CPP dans la tête de Bouteflika après la révision de la Constitution (audio-vidéo)

Par Yazid Ferhat 10 janvier 2016

C’est à un minutieux examen d’auscultation que se sont livrés, jeudi 7 janvier, les journalistes du Café presse politique (CPP), le rendez-vous de l’actualité politique de Radio M, pour ce premier numéro de l’année 2016 consacré à l’avant-projet de loi de révision de la Constitution présenté mardi 5 janvier par le directeur de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia.

 

Que révèle ce nouveau projet de révision constitutionnelle du pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika et au-delà de l’état du pays ? Réunis autour de la présentatrice Souhila Benali, les journalistes Abed Charef, Ihsane El Kadi, Mohamed Iouanoughene et Saïd Djaafer ont inspecté, une heure durant, les pensées du Président.  

“Abdelaziz Bouteflika veut satisfaire en ne cédant rien. Fondamentalement, c’est un coup pour rien ”, a d’emblée résumé Saïd Djaafer. Abed Charef, quant à lui, voit dans cette révision “l’événement qui va régler la question du pouvoir pour les dix prochaines année ”. Avec cette déclaration, détonante:

Pour Mohamed Iouanoughene, journaliste à la télévision de El Khabar, avec cette nouvelle révision “Bouteflika a achevé le processus de banalisation de la Constitution : on peut y mettre dedans ce que l’on veut ”, fait-il remarquer.  

La question de la succession soldée

S’il y a bien une question que règle définitivement l’avant projet de loi de révision de la Constitution c’est celle de la transition, ont unanimement relevé les journalistes du CPP.

“Le point focal de cette révision c’est organiser la poursuite du 4e mandat et la transition ”, a ainsi affirmé Ihsane El Kadi avant de détailler les dispositions qui s’y rapportent à savoir : le rallongement à trois mois de la période de transition et les nouvelles conditions restrictives de candidature.  “Tout le reste c’est du saupoudrage ”, estime le directeur d’Interface Médias.  

Avec cette mesure de prolongation de la période de transition à 90 jours en cas de vacances de pouvoir, Bouteflika a faussé tous les pronostiques,  a poursuivi Mohamed Iouanoughene. “Le Président ne se préoccupe pas du tout de la succession, tout ce qui l’intéresse c’est de terminer son mandat ”, observe-t-il. “La seule chose qui peut l’arrêter c’est la mort et il dit à ses successeurs débrouillez-vous après moi mais s’il est encore là en 2019, rien de l’empêche de se présenter pour un 5e mandat ”.  

Abed Charef a lui aussi abondé dans cette lecture en relevant que “le Président Bouteflika a un regard extrêmement utilitaire sur la Constitution ”.  “Sa première révision a été Tamazight, langue nationale, la deuxième révision, a été de s’offrir la possibilité d’aller au 3e mandat et troisième révision est un deal qu’il propose : il donne aux militaires la main pour la suite quand il disparaîtra mais garde une supériorité sur les autres et balise un terrain pour le 5e mandat ”.  

Dans la même lignée, Ihsane El Kadi a rappelé que le Café presse politique a toujours refusé deux lectures sur l’après-Bouteflika : la succession familiale et la nomination d’un vice-président à qui le Président rendrait le pouvoir.

“Quand Abdelaziz Bouteflika est arrivé au pouvoir en 1999, il a d’emblée rejeté l’idée d’un chef de gouvernement qui serait l’expression d’une majorité parlementaire ”, a souligné Said Djaafer.  “Et c’est cette disposition qui a été enlevée, effaçant ainsi les espoirs qu’il y avait de reprendre une vie politique à travers un Parlement “.  “En fait, comme toujours, Bouteflika remet les clés à la maison mais il donne le temps pour que les choses se fassent en douceur ”, conclut Abed Charef.

Lectures entre les lignes

En seconde partie d’émission, les participants sont revenus sur les nombreux référents nombreux contenus de cet avant-projet de révision. A commencer par le retour de la limitation deux mandats présidentiels.  

“C’est la disposition où l’égo de Bouteflika s’exprime le plus ”, a commenté Saïd Djaafar. “Lui seul pouvait faire plus de mandat, d’autant plus qu’il n’y a pas d’explication pourquoi on l’a enlevé, pourquoi on la remet ”.  

En revanche les nouvelles dispositions restrictives de candidature à la Présidence qui excluent d’office tous les binationaux ou conjoint(e)s de binationaux sont plus difficiles à interpréter. “Il y a un excès qui ne s’explique pas dans ces exclusions ”, a pointé Abed Charef. “On a pas encore trouvé contre qui c’est orienté ”, a poursuivi Ihsane El Kadi. “Mais avec ce texte Abdelhamid Mehri, Ferhat Abbas, Messali Hadj, etc., sont exclus à cause de leurs conjoints ”, a fait remarquer Abed Charef.  

En fait pour Ihsane Elkadi “le texte de la Constitution incarne très bien les années Bouteflika : ce sont des années de réseau clientéliste ”, a-t-il déclaré. “La constitution est toujours dans cette démarche d’essayer d’acheter des catégories qui pourraient continuer de supporter le régime : les avocats, les femmes, Tamazight, etc. On est dans cette démarche de distribuer ce qui peut continuer d’être distribué pour pouvoir durer ”.  

L’officialisation de Tamazight, “seule disposition rationnelle et positive ”, selon Abed Charef, est ainsi ”la belle cerise sur un mauvais gâteau ”, a estimé Saïd Djaafar. Mais, finalement, le problème du pays n’est pas de changer la Constitution mais d’amener les dirigeants du pays à se plier à la Constitution, a conclu Abed Charef. “Car jusqu’à présent ce sont  les dirigeants plient la constitution à leurs volontés ”.

Ecouter l’émission:   

Vidéo:  

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