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Hydrocarbures

Le développement du pétrole et du gaz de schiste américains menace de faillite l’Arabie Saoudite

Par Yacine Temlali
17 août 2015
Traduction : Cheikhs conter schiste (couverture de The Economist, décembre 2014).

Les difficultés budgétaires de ce riche royaume seront aggravées par le fait que ses citoyens ne paient pas d’impôts sur le revenu, intérêts ou dividendes en actions. Il a, en fait, besoin d’un prix du brut à 106 dollars le baril pour équilibrer le budget. 

 

 

L’Arabie Saoudite, principal producteur de pétrole de l’Opep, peut faire faillite avant la flambée de l’industrie pétrolière américaine, titrait vendredi le quotidien britannique The Telegraph. La hausse des prix du pétrole a boosté le développement des énergies alternatives, notamment l’énergie solaire, ainsi que de l’extraction des hydrocarbures non conventionnels (gaz et pétrole de schiste). Or, aujourd’hui, ce développement menace l’économie saoudienne, dont l’état serait aggravé par la chute des prix de pétrole, provoquée, en grande partie, par la politique pétrolière de ce pays.

En décidant de maintenir son plafond de production lors de la dernière réunion de l’Opep de novembre dernier, le riche royaume du Golfe avait permis l’accélération de la dépression des cours du brut qui ont perdu plus de 60% de leurs valeur en une année. Cette décision saoudienne, destinée principalement à étrangler les économies iranienne et russe, a été maintenue en 2015 pour briser l’essor du schiste américain. Or, l’exploitation des gaz de schiste ne s’en développe pas moins aux Etats-Unis, tandis que l’Iran, grâce à l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet dernier, s’apprête à sortir de l’embargo imposé par la communauté internationale depuis 2006.

Les Etats-Unis sont devenus en 2014 le premier producteur de pétrole au monde, grâce à leur production de pétrole de schiste. Le gaz de schiste a également de beaux jours devant lui dans ce pays. La progression de la production énergétique américaine pourrait provoquer un changement radical dans le paysage économique du Moyen-Orient et les Etats pétro-rentiers.

 

De grands besoins, des revenus en baisse

 

« Si le marché du pétrole reste dans sa situation actuelle, l’Arabie saoudite connaîtra des difficultés dans deux ans, et sera en crise existentielle d’ici la fin de la décennie », prédit The Telegraph.

Le royaume saoudien a longtemps fait la pluie et le beau temps dans les marchés pétroliers, mais il risque aujourd’hui d’en payer chèrement les conséquences. Son économie peu diversifiée est plus vulnérable à une baisse forte et constante des prix du pétrole, avance, de son côté, l’agence Standard & Poor’s. 

Le pays maintient, cependant, le financement des projets d’infrastructure à coût élevé tout comme des salaires du secteur public. A cela s’ajoutent les coûts de la guerre au Yémen, selon Financial Times. 

Les réserves de fonds monétaires saoudiens sont actuellement en baisse de 12 milliards de dollars par mois. Elles sont passées de 737 milliards de dollars (675 milliards d’euros) en août 2014 à 672 milliards de dollars (612 milliards d’euros) en mai dernier. Il est prévu qu’elles baissent jusqu’à 200 milliards de dollars d’ici la fin de l’année 2018. 

L’argent a commencé à fuir hors de l’Arabie saoudite après le printemps arabe, avec des sorties nettes de capitaux atteignant 8% du PIB par an, avant même l’effondrement des prix du pétrole, selon The Telegraph. Cette même source affirme que « le gouvernement saoudien ne peut réduire les dépenses d’investissement », « doit faire face à une austérité draconienne ». De plus, les citoyens saoudiens ne paient pas d’impôt sur le revenu, intérêts ou dividendes en actions, et le prix de l’essence est très bon marché dans ce royaume (12 centimes de dollars le litre à la pompe). Or, selon The Financial Times, l’Arabie saoudite « a besoin d’un baril de brut à 106 dollars pour équilibrer le budget ». 

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