Le financement non-conventionnel va donner une "flexibilité financière aux entreprises bénéficiaires" (Brahim Guendouzi) | Maghreb Émergent

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Le financement non-conventionnel va donner une « flexibilité financière aux entreprises bénéficiaires » (Brahim Guendouzi)

Par Yazid Ferhat
1 octobre 2017

Les 1000 milliards s de dinars que le Gouvernement compte injecter dans le circuit bancaire vont permettre au Trésor public de rembourser les dettes de SONATRACH et SONELGAZ et donner une certaine flexibilité financière aux autres, soutient l’économiste Brahim Guendouzi. Entretien.

 

Ahmed Ouyahia a affirmé mercredi que le paiement des dettes des entreprises publiques permettra d’injecter 1000 milliards de dinars dans le réseau bancaire, et ce après l’adoption de la loi sur la monnaie et le crédit. Qu’est-ce que cela signifie?

L’entrée en action du mécanisme de financement non conventionnel après  l’adoption par le Parlement  des changements opérés dans  la loi sur la monnaie et le crédit (LMC), permettra sans doute au Trésor public de rembourser les dettes de deux entreprises publiques importantes, en l’occurrence SONATRACH et SONELGAZ. Il est nécessaire de rappeler l’origine de ces dettes  qui est les subventions publiques du prix du carburant ainsi que du KWH pour l’électricité.

Les ressources financières seront mises à leur disposition dans leurs comptes bancaires. Cela devrait donner une certaine flexibilité financière aux entreprises concernées en matière d’arbitrage par rapport à leurs projets d’investissements dans le cadre de leurs stratégies de développement à moyen et long terme. Le système bancaire peut également bénéficier des nouvelles liquidités qui arrivent et donc pouvoir faire face également au tarissement des ressources financières dans le circuit bancaire après les importants placements effectués lors de l’emprunt obligataire national de 2016.

 

Cette masse monétaire qui sera injectée dans le réseau bancaire devrait, selon Ahmed Ouyahia,  présenter davantage de soutien au développement national et au financement de projets productifs. Aller vers une économie productive est-il possible dans la conjoncture actuelle où l’on se prépare à utiliser ce que les experts appellent « la fausse monnaie » alors qui cela n’a pas été possible lorsque l’Algérie dormait sur des milliards de dollars?

Le financement des investissements productifs est du ressort des entreprises publiques et privées. Les freins actuels à l’entrepreneuriat sont nombreux, parmi lesquels le climat des affaires dont il faut peut être rappeler le classement dans le Doing Business de la Banque mondiale, à savoir le 156e rang sur 190 pays en 2016. Aussi, le système bancaire et financier est considéré comme l’une des contraintes à la réalisation des projets productifs. Ajouter à cela  la règle bloquante de 51 / 49 à l’égard des investissements directs étrangers.

En revanche, le recours au financement non conventionnel sur une période de cinq ans, peut atténuer certes la pression sur les finances publiques mais avec un grand risque, celui de l’accélération de l’inflation. Cette dernière, si elle n’est pas maîtrisée,  sera susceptible d’anéantir tous les efforts en faveur du développement économique. Les expériences à méditer à travers le monde ne manquent pas !

 

Le même Ahmed Ouyahia, allant à contre-courant de la majorité des économistes et financiers, affirme que « la loi sur la monnaie et le crédit permettant au trésor public d’emprunter directement auprès de la Banque centrale d’Algérie n’aura aucun impact négatif sur les prix des produits de consommation ». Cette affirmation est-elle raisonnable selon vous?

Le recours au financement non conventionnel dans des économies comme celle de l’Algérie peut être une source d’accélération de l’inflation. L’écart inflationniste avec les pays partenaires entraînera une forte dépréciation de la monnaie nationale, selon la règle de la parité des pouvoirs d’achat, et donc une hausse des prix à l’importation aussi bien des produits de consommation que des matières premières et produits semi-finis, d’autant plus  que les pratiques du commerce extérieur font subir déjà aux transactions commerciales  des surfacturations. Le taux de change effectif réel du dinar constitue justement un facteur d’ajustement de la balance commerciale. Il doit suivre une trajectoire correspondant aux variables économiques fondamentales du pays. Enfin, l’indicateur fondamental à suivre de plus près est celui du niveau des réserves de changes qui s’établit actuellement à 101 milliards de dollars.

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