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Algérie

« Débattre de combien d’argent il nous reste est une perte de temps »-Lies Kerrar sur RadioM (audio)

Par Yazid Ferhat
17 décembre 2014
« Débattre de combien d’argent il nous reste est une perte de temps »-Lies Kerrar sur RadioM (audio)

Pour le consultant international en finance,  Lies Kerrar, l’urgence pour l’Algérie n’est pas de chercher combien d’argent il nous reste dans les FRR qui s’amenuisent depuis 2009, mais de changer de modèle économique. « Comment prendre ce virage, combien cela prendra-t-il et comment le financer, cela se gère avec la compétence qu’on y mettra », a-t-il dit lors de passages sur le plateau de Radio M, la web radio de Maghreb Emergent.

 

 

Le Fonds de régulation des recettes (FRR) va-t-il se tarir en 2017 ?  Ce scénario catastrophe interpelle d’autant que les pouvoirs publics, face à la dégringolade des prix du pétrole et la contraction des rentrées d’argent,  y recourent systématiquement pour combler les déficits publics et alimenter l’économie nationale. Selon l’expert financier Lies Kerrar, invité du Direct de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent, les pouvoirs publics ont cumulé de l’épargne budgétaire locale jusqu’en 2008 et à partir de 2009 ils sont en train de la consommer. « Il reste peut être une à deux années (…) En tout cas on n’en aura pour dix années », avance-t-il. Lies Kerrar conseille de se déconnecter de la rente pétrolière. Aussi, recommande-t-il que l’Etat fasse sienne la règle qui permette de plafonner les dépenses. « Car, rappelle-il,  historiquement les revenus des hydrocarbures ne nous ont jamais permis de faire ce qu’on avait à faire ». Il recommande de bien allouer les ressources et opérer des réformes en profondeur.

L’urgence de changer de modèle économique

Le président du cabinet de conseils, études et assistance en investissement Humilis échafaude néanmoins un autre scénario pour pallier l’épuisement du FRR : la dette publique. « Une fois qu’on aura épuisé les recettes du FRR, l’Etat peut avoir accès à la dette publique-aujourd’hui relativement faible-, qui lui permettra de tenir encore quelques années, avec les avantages et les conséquences que cela implique », souligne-t-il.  Faut-il s’endetter et quelles en seront les conséquences? « Il ne s’agit pas de s’interroger s’il faut s’endetter ou pas, mais plutôt qu’allons-nous faire de cette dette ? », recadre Kerrar qui  pense que ce qui importe davantage c’est de savoir quel modèle économique le pays gagne-t-il à suivre. L’urgence pour l’expert,  est de changer de modèle économique. « Comment prendre ce virage, combien cela prendra-t-il et comment le financer, cela se gère avec la compétence qu’on y mettra », dit-il.

Engager des réformes en profondeur

Il préconise, dans le même contexte, d’amorcer le virage de diversification de l’économie lequel commence, souligne-t-il, par des réformes en profondeur sur la bureaucratie et l’environnement des affaires. Car, aux yeux de Lies Kerrar, créer de l’emploi et de la valeur pour une entreprise « est un processus lent et cher » dans notre pays. Pour Kerrar, le premier défi aujourd’hui pour diversifier l’économie nationale consiste à prendre des mesures pour réformer l’environnement des affaires. L’expert en appelle à un rythme d’une réforme par semaine.  « C’est cela le rythme de réforme de l’économie dont on a besoin. Débattre de combien d’argent il nous reste ne fera que retarder l’avancée du paquebot vers l’iceberg », a affirmé l’expert financier qui reprend une image forte du think tank Nabni dans son rapport ‘’vision pour l’Algérie de 2020’’. Il prévient contre toute perte de temps. Pour lui, « avant de savoir où l’on va, il faut commencer à tourner le gouvernail. Car, le temps qu’on perd à retarder le moment où l’on va tourner le gouvernail, c’est du temps perdu ». Il s’agit d’une série de décisions voire tout un chantier et un plan d’urgence à mettre en place.

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