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Le prix de l’essence en Algérie, un des plus bas au monde, favorise le trabendo avec la Tunisie et le Maroc

Par Oussama Nadjib
23 décembre 2016
L'écart des prix entre l'Algérie et ses voisins rend attractive l'activité de contrebande (dr)

 

 

Les prix des carburants vont augmenter en Algérie à partir du 1er janvier 2017 (relèvement de la TVA à 19% (au lieu de 17) et de la taxe sur les produits pétroliers) mais ils restent parmi les plus bas au monde. De quoi entretenir encore longtemps l’activité du trabendo de carburant avec la Tunisie et le Maroc.

 

Pour ceux qui n’abusent pas de l’utilisation de l’automobile, la hausse – de 1 à 3 DA le litre selon le type de carburant – ne devrait pas peser lourd. Pour les autres, les râleurs, toute hausse est mauvaise. Pourtant, au 23 décembre 2016 – et cela ne changera pas au 1 janvier 2017 – le prix du carburant en Algérie est l’un des plus bas au monde.  

Seuls les citoyens du Venezuela, pays qui connait une grave crise du fait de la chute des prix du baril, et ceux d’Arabie saoudite payent moins cher le carburant que les Algériens.

 Le prix de l’essence est pratiquement gratuit au Venezuela puisqu’il coute au 19 décembre 2016, 0,01 dollars contre 0,24 dollars en Arabie saoudite, selon le site globalpetrolprices.com. L’Algérie arrive à la troisième place des pays où l’essence est la moins chère : 0,28 dollars.

Global Price précise que sur la base de données mises « mises à jour avec les valeurs actuelles sur les taux de change et des prix du pétrole internationaux » le prix de l’essence en Algérie est de 0.28 (U.S. Dollar) alors que « le prix moyen de l’essence dans le monde pour cette période est de 0.98 U.S. Dollar. »

Le prix de l’essence en Algérie est donc 3,5 fois moins cher que celui du prix moyen dans le monde.  Le prix est même inférieur à celui du Koweït (0,34), de l’Iran (0,39), du Qatar (0,41), du Nigeria (0,41). Le prix de l’essence en Russie – le plus grand producteur du monde- est de 0,62 dollars.

L’irrésistible attrait du trabendo

Les modestes augmentations annoncées par la loi de finances 2017 ne vont pas changer la donne, l’Algérie restera au top des pays où l’essence est la moins chère. Le tableau des prix de Global price est suffisant pour expliquer pourquoi l’activité du trafic des carburants mobilise des armées de « Hellabas » (trayeurs d’essence) reste attractive et florissante en Tunisie et au Maroc.

Le prix du litre d’essence en Tunisie est de 0.71 U.S. Dollar, soit un écart de 0,43 dinars avec le prix en Algérie. Le site ne donne pas le prix de l’essence pour la Libye – dont la situation est chaotique – mais l’écart est important.

Il n’est donc pas surprenant d’apprendre, selon une étude réalisée par Sygma Conseil, que la Tunisie compte 100 et 150 barons de contrebande de carburants implantés notamment, dans les régions de sud et du centre du pays et emploient directement ou indirectement une chaine de contrebandiers de près de 20.000 personnes.

LIRE AUSSITunisie : 100 à 150 barons de la contrebande du carburant « gèrent » une chaine de près de 20.000 personnes


L’écart des prix entre l’Algérie et le Maroc est encore plus prononcé. Le prix du litre d’essence au Maroc est de 0,99 dollars, soit une différence de 0,71 dollar.  Inutile, estiment les experts, de chercher très loin le fait que l’économie de l’est du Maroc ait été très largement basée sur l’activité de contrebande de carburant.

Le plus grand gisement c’est l’économie d’énergie

Les mesures sécuritaires drastiques prises ces dernières années par les autorités algériennes pour lutter contre le trafic du carburant ont eu un impact important. Mais de manière durable, le vrai levier pour lutter contre le trafic du carburant serait une réduction de l’écart des prix avec les pays voisins.

En février 2016, commentant sur Radio M une première augmentation des prix des carburants, l’ancien PDG de Sonatrach, Abdemadjid Attar, soulignait qu’elle était purement symbolique mais que l’Algérie restait le « pays le plus énergivore de la Méditerranée ».

Pour lui, les prix bas encouragent le gaspillage alors que l’économie d’énergie constitue le « plus grand gisement dont dispose l’Algérie, qui pratique, avec des pays comme la Libye ou le Venezuela, les prix de l’énergie les plus bas du monde ».

Il faut, avait-il déclaré se rapprocher de « la vérité des prix à travers une augmentation progressive et échelonnée qui nous permettra de mieux maîtriser la croissance de la consommation et de mettre fin au gaspillage et aux différents trafics. Le levier des prix est le seul efficace dans ce domaine ».

 

 

 

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