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Algérie

« Le recours au gaz de schiste est incontournable» (Mustapha Mekidèche)

Par Maghreb Émergent 3 octobre 2017

 

 

Selon M. Mekidèche, « la diversification industrielle, portée par le nouveau modèle de croissance, a besoin de beaucoup d’énergies fossiles dont on ne peut pas financer l’importation ». 

 

Maghreb Emergent : Le Gouvernement Ouyahia vient d’annoncer que l’exploitation du gaz de schiste est irréversible après que cette option ait été  abandonnée en  sous la pression des populations du Sud et de l’opinion publique. Pourquoi ce revirement brutal ?

Mustapha Mekidèche : En vérité, cette option de préparer, à terme, l’exploitation des gaz de schistes n’a jamais été définitivement abandonnée. Elle a fait seulement l’objet d’un moratoire de fait dans un souci d’apaisement. Au passage, il convient de souligner que les premiers essais de forage de la Sonatrach avaient donné d’excellents résultats, notamment en termes de débit.

 

Il y a deux ans, Sellal parlait d’un nouveau modèle de croissance fondé sur l’investissement productif et la diversification de l’économie. Ce nouveau modèle peine à voir le jour. Le retour au gaz de schiste est-il un aveu d’impuissance à relancer l’industrie du pays ?

 Non, l’un n’exclut pas l’autre car dans les deux problématiques, celle du changement du paradigme de croissance et de l’exploitation du gaz de schiste, on est dans le temps long. Par ailleurs, la diversification industrielle, portée par ce nouveau modèle, a besoin de beaucoup d’énergies fossiles dont on ne peut pas financer, dans les conditions actuelles de resserrement des ressources, l’importation. Pour faire court, le développement d’une économie hors hydrocarbures nécessite le recours au secteur des hydrocarbures conventionnels et non conventionnels. C’est valable aussi pour financer et/ou cofinancer notre ambitieux programme d’énergies renouvelables.

 

Ouyahia a parlé, dans son plan d’action, « de reformes structurelles profondes ». L’annonce d’un recours imminent n’est-elle pas une manière sournoises de différer ces réformes  qui, politiquement, peuvent mettre le Gouvernement en position de faiblesse à la veillé des élections de 2019 ?

 Ces réformes structurelles sont consubstantielles au nouveau modèle de croissance du pays. A mon avis, elles s’inscrivent, qu’on le veuille ou non, dans un consensus politique national à construire car il y va des équilibres intérieurs et extérieurs à long terme de l’Algérie, c’est-à-dire de sa sécurité et de sa pérennité. Le moment venu, l’échéance dont vous parlez intégrera cette équation.

Exploiter le gaz de schistes malgré les oppositions acerbes d’une partie de la population et de nombreux experts ne veut-il pas dire, finalement, que le Gouvernement veut reconduire la logique rentière du système et substituer au pétrole une autre rente ?

J’observe d’abord que, contrairement à l’exploitation des hydrocarbures conventionnels, celle des hydrocarbures de schiste est une opération industrielle qui ne dégage pas de rente compte tenu des coûts d’exploitation qu’elle supporte. Il s’agit en l’occurrence de couvrir les besoins énergétiques à long terme du pays. Au delà de 2030, il y aura un vrai problème de capacités d’exportation, mais aussi d’approvisionnement en gaz, du pays. A cet horizon, il est clair que le recours à cette ressource est incontournable.  Mais les associations de protection de l’environnement et les citoyens de façon générale sont en légitimité de mettre l’accent sur le principe de précaution et des garanties de fiabilité des technologies devant leur être apportées par la Sonatrach et ses partenaires étrangers.

 

Les défenseurs du recours au schiste comme vous, disent que, si on n’allait pas dans ce sens, l’Algérie, dont les besoins en énergie vont grandissant, va devenir, d’ici quelques années, un gros importateur de pétrole. Vous y croyez vraiment ?

Poser le problème, comme vous le faites, entre partisans et opposants au gaz de schiste, est inadéquat et s’éloigne du principe de réalité. Bien sûr que cette ressource permettra de couvrir des besoins  énergétiques qu’il ne nous est pas possible d’importer. En même temps cela donnera plus de capacités et de flexibilité pour développer les énergies renouvelables du mix énergétiques que nous souhaitons tous.

 

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