L’Algérie s’apprête à lancer des cartes prépayées pour l’approvisionnement en carburant, une mesure annoncée lors du Conseil des ministres du 29 novembre dernier. Cette initiative cible particulièrement les zones frontalières afin de limiter la contrebande et d’encadrer mieux la distribution, confiée à Naftal, unique acteur autorisé pour l’importation et la production de produits pétroliers. Elle s’inscrit dans un plan national de régulation de la consommation du carburant.
Naftal avait lancé En 2016, la carte « Bitakati », rechargeable via la Banque extérieure d’Algérie (BEA), pour régler carburants, lubrifiants et services annexes dans ses stations. En 2024, elle enregistrait un million de transactions par mois, tandis que le déploiement des terminaux de paiement électronique (TPE) se poursuit activement.
À l’échelle mondiale, ces cartes prépayées -rechargées à l’avance pour essence, diesel ou services en station -sont adoptées par les entreprises pour piloter flottes et budgets. Leur marché croît vite, dopé par la numérisation et la traçabilité, avec une implantation forte en Europe du Nord et en Amérique du Nord.
Ce qu’en disent les pompistes : un soutien nuancé
Contactés par Maghreb Emergent, plusieurs pompistes des zones frontalières saluent la mise en place des cartes prépayées, mais insistent sur la nécessité d’une augmentation des quotas attribués. « Moi, cette mesure me plaît. Elle va réduire la circulation du liquide et tous les problèmes qui en découlent ici, dans les régions frontalières », déclare Tamer, pompiste à Tébessa. Il poursuit : « Les faux billets, ceux abîmés… sans oublier la surveillance permanente liée à la lutte contre la contrebande. »
Selon lui, les villes frontalières de l’Est subissent encore des quotas d’approvisionnement dépassés : 600 dinars pour un véhicule léger, 1 500 dinars pour un camion et 6 000 dinars pour une semi-remorque. « Ces montants ne suffiront pas à réguler le marché ni à combattre efficacement la contrebande », affirme-t-il, plaidant pour un ajustement à 1 000 DA pour les véhicules légers, 6 000 DA pour les camions et 10 000 DA pour les semi-remorques.
Dans la ville de Sebdou, au sud de Tlemcen, Abdelali partage le même enthousiasme. « Nous espérons que ces cartes prépayées seront mises sur le marché rapidement ! » souligne-t-il. La frontière ouest, en revanche, est déjà débarrassée de la contrebande de carburant, et les quotas sont levés depuis l’installation du mur de sécurité long de plusieurs kilomètres.
Appel du Sud : des quotas adaptés aux réalités locales
Ahad Tahar, membre du Conseil supérieur de la jeunesse représentant la wilaya de Djanet, affirme : « Cette mesure est à saluer. Dans les villes du sud, les files d’attente sont interminables devant les stations-service. » Il souligne l’importance de clarifier les quotas d’approvisionnement selon les différentes catégories de véhicules, compte tenu de la forte demande des entreprises, des agriculteurs et des agences touristiques. « Les distances entre les villes du Sud sont considérables, entraînant une consommation importante. Il est essentiel que ces spécificités soient prises en compte lors de la préparation des cartes », conclut-il.