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Les plateformes sociales accusées par l’ONU de fragiliser la démocratie

Par Maghreb Émergent
27 janvier 2025

Dans une tribune libre, Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a exprimé ses préoccupations face aux récentes annonces de Meta (anciennement Facebook) et d’autres plateformes sociales concernant l’assouplissement de leurs politiques de modération de contenu.

Selon lui, ces décisions, présentées comme des mesures pour protéger la liberté d’expression, risquent en réalité de compromettre cette liberté pour de nombreuses personnes et communautés vulnérables.

Meta a en effet annoncé qu’elle revoyait son dispositif de modération automatisée des contenus afin de ne limiter que les violations « très graves », telles que celles liées au terrorisme. Cette approche, combinée aux politiques déjà adoptées par des plateformes comme Telegram et X (anciennement Twitter), pourrait entraîner une multiplication des contenus injurieux et haineux en ligne. Ces contenus cibleront souvent des communautés marginalisées, notamment les personnes LGBTQI+, les réfugiés, les migrants et les minorités ethniques ou religieuses. En conséquence, ces groupes pourraient être poussés à quitter ces plateformes, réduisant ainsi leur visibilité, leur participation au débat public et, in fine, leur liberté d’expression.

Un risque pour la cohésion sociale et la démocratie

Volker Türk souligne que les conséquences de ces changements dépassent largement les communautés directement touchées. La liberté d’expression, rappelle-t-il, ne se résume pas à la possibilité d’exprimer des opinions. Elle inclut également la capacité de rechercher et de recevoir des informations. Or, des réseaux sociaux mal régulés restreignent cette liberté en réduisant au silence certaines voix et en permettant la prolifération de la désinformation. Cela brouille la frontière entre faits et fiction, fragilise les sociétés et compromet l’espace public nécessaire à un débat démocratique sain.

Le Haut-Commissaire met en garde contre les effets dévastateurs de ces politiques, en particulier dans des contextes de conflits, de crises ou de campagnes électorales. Il cite l’exemple du Myanmar, où Facebook a reconnu en 2018 avoir échoué à empêcher l’utilisation de sa plateforme pour inciter à la violence contre les Rohingya. Des situations similaires ont été observées lors d’élections au Brésil, au Kenya, en Moldavie et en Roumanie, où la désinformation et les discours haineux ont exacerbé les tensions sociales et faussé les processus démocratiques.

Réguler les discours haineux : une nécessité, pas une censure

Volker Türk insiste sur le fait que réguler les discours haineux en ligne ne constitue pas une forme de censure. Au contraire, il s’agit d’un élément essentiel pour préserver l’intégrité de l’information à l’ère numérique. Il rappelle que le droit international des droits humains offre déjà un cadre solide pour guider ces efforts, en protégeant à la fois la liberté d’expression et en interdisant l’incitation à la haine et à la violence.

Le Haut-Commissaire reconnaît que la modération de contenu est une tâche complexe et parfois controversée. Il dénonce également les cas où des États ont utilisé des lois répressives pour faire taire les voix dissidentes, citant l’exemple récent de la suppression de contenus relatifs aux droits des Palestiniens sur les réseaux sociaux. Cependant, il affirme que la régulation des discours haineux, lorsqu’elle est menée de manière transparente et responsable, est indispensable pour protéger les droits de tous et toutes.

Appel à une gouvernance transparente et responsable

Pour Volker Türk, une gouvernance efficace des contenus en ligne doit reposer sur la transparence, la responsabilité et la possibilité de contester les décisions de modération. Elle doit également tenir compte du contexte local, des nuances linguistiques et des dynamiques de pouvoir qui influencent la diffusion de l’information. Il appelle à des débats ouverts et continus au sein de la société pour définir des règles équilibrées et respectueuses des droits humains.

Ainsi, le Haut-Commissaire exhorte les plateformes à assumer leurs responsabilités et à ne pas rester indifférentes face à la violence et aux menaces pesant sur les journalistes et les défenseurs des droits humains. « Notre liberté d’expression a été durement acquise, après des années de lutte contre la censure et l’oppression. Nous devons être vigilants et la protéger », conclut-il.

Pour préserver l’espace public et garantir un débat démocratique sain, il est essentiel de combattre les discours haineux tout en protégeant le droit de chacun à accéder à une information diversifiée et fiable.

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