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Algérie

Les projections du gouvernement algérien sur la réduction des déficits sont irréalistes – Ferhat Aït Ali (AUDIO-VIDEO)

Par Saïd Djaafer
29 décembre 2016

 

L’économiste Ferhat Aït Ali a exprimé, mercredi sur Radio M, son scepticisme au sujet de la réduction attendue du déficit du budget de l’Etat au cours des prochaines années tels que tracée par la trajectoire budgétaire rendue publique à l’occasion de l’adoption de la loi de finance pour 2017.

 

 Le recul prévu dans le déficit du trésor public,  qui doit le ramener à 6,7% du produit intérieur brut (PIB) dès 2017  avant de  parvenir  à un objectif de 1,9% en 2019,  lui semble « irréaliste » pour de nombreuses raisons parmi lesquelles figurent notamment  des hypothèses excessivement optimistes à la fois sur l’évolution des revenus pétroliers et celle de la fiscalité ordinaire .

 

 

Des prévisions de recette irréalistes

 

Au chapitre de la fiscalité pétrolière Ferhat Ait Ali critique la démarche qui a consisté à adopter un prix de référence du baril à 50 dollars en 2017, 55 en 2018 et 60 dollars en 2019.

 Elle constitue selon lui un « pari risqué » qui ne tient pas suffisamment compte de l’ »augmentation probable et déjà en cours de la production de pétrole de schiste » dans le nouveau contexte d’augmentation des prix.

 La croissance annoncée et accélérée des recettes de la fiscalité ordinaire, inspire les mêmes doutes à Ferhat Ait Ali qui s’interroge sur les gisements fiscaux que se proposent d’exploiter les pouvoirs publics au cours des prochaines années pour atteindre un objectif aussi ambitieux d’autant que « la pression fiscale est déjà très élevée dans notre pays ».

  Pour Ferhat Ait Ali, il existe d’autres pistes pour accroître les recettes fiscales de l’Etat.  Une politique fiscale plus juste et plus efficace devrait globalement viser à «élargir d’avantage l’assiette fiscale plutôt qu’à élever les niveaux d’imposition en alourdissant la pression fiscale sur les seuls contributeurs loyaux ». La piste ainsi évoquée concerne principalement la fiscalisation des activités informelles. 

 En dépit de  l’introduction de nouveaux impôts , l’invité de Radio M estime en outre  qu’on  risque  d’être assez loin du compte d’autant plus  que « l’impact des nouveaux impôts sur les recettes de la fiscalité ordinaire continuera d’être contrarié par la baisse des rendements   des droits de douanes et de la TVA sur les produits importés  qui   vont continuer à diminuer  en raison de la réduction en cours des importations ».

 

 La réduction des budgets d’équipement dangereuse pour l’activité et l’emploi

 

La démarche adoptée pour plafonner les dépenses publiques  aux alentours de 6.800 milliards de DA durant les trois prochaines années ne trouve pas non plus grâce aux yeux de l’expert algérien qui considère qu’elle fait reposer l’essentiel de l’effort de réduction des dépenses de l’Etat sur le budget d’équipement ce qui constitue « une décision dangereuse et pénalisante pour l’activité économique et l’emploi ».

 

 Ferhat Ait Ali discerne déjà les premières conséquences de cette décision dans « les retards de paiements qui caractérisent de nombreux projets publics en cours de réalisation ».

 L’invité de Radio M qui juge nécessaire la diminution des dépenses de l’Etat, plaide plutôt en faveur d’une réduction du budget de fonctionnement en suggérant parmi les pistes possibles à moyen terme la réduction des transferts sociaux et de façon plus immédiate une diminution plus rapide des subventions aux carburants.

 

Endettement interne et risque inflationniste

 

Les difficultés prévisibles pour réduire le déficit budgétaire vont avoir selon Ferhat Ait Ali plusieurs conséquences. La première serait un développement de l’endettement interne qui est « déjà relativement important ».

 L’invité de Radio M mentionne dans ce domaine un chiffre de 1260 milliards de dinars à fin 2102 qui génère des charges financières annuelles de près de 50 milliards de dinars inscrites au budget de fonctionnement de l’Etat. Un type d’endettement qui a, selon Ferhat Ait Ali, l’inconvénient supplémentaire de reposer essentiellement sur la contribution des banques publiques.

 Une autre conséquence de l’importance des déficits publics au cours des prochaines années pourrait être la tentation pour les pouvoirs publics de recourir à la création monétaire ce qui entrainera un « très sérieux risque inflationniste ».

Vidéo :

 

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