La capitale libyenne, Tripoli, a connu ce jeudi 15 mai 2025, une trêve précaire après trois jours d’affrontements violents entre des groupes armés dans des quartiers densément peuplés, suite à la mort, lundi, d’Abdelghani « Gheniwa » el-Kikli, chef du puissant groupe armé SSA (Autorité de soutien à la stabilité), tué lors d’une embuscade dans une caserne de la Brigade 444, fidèle au gouvernement.
Ces violences ont opposé les forces du SSA à des groupes loyalistes au Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, faisant au moins huit morts selon le dernier bilan, donné par des ONG. Les affrontements se sont arrêtés, mais les tensions persistent, les partisans du SSA promettant de venger leur chef.
Les partisans du SSA ont averti dans un communiqué aujourd’hui que la mort de leur chef ne fait qu’ancrer (leur) détermination à poursuivre sans relâche les personnes impliquées où qu’elles se trouvent.
En effet, la situation reste tendue malgré l’accalmie apparente. « Les écoles, l’Université de Tripoli et l’aéroport de Mitiga sont restés fermés jeudi, et la majorité des commerces ont baissé leurs rideaux, à l’exception de quelques épiceries éloignées des zones de conflit », rapportent des médias locaux.
De son côté le chef de l’ONU a salué, ce jeudi, l’annonce d’une trêve, sur fond d’enquête internationale sur des crimes présumés commis par un groupe impliqué dans ces violences.
« Le Secrétaire général prend note de la trêve conclue à Tripoli et appelle toutes les parties à prendre d’urgence des mesures pour la maintenir et la consolider par le dialogue », a déclaré le porte-parole d’Antonio Guterres, dans un communiqué publié à New York. Le chef de l’ONU s’est dit « profondément attristé d’apprendre la mort d’au moins huit civils lors des récents affrontements » et a rappelé « à toutes les parties leur obligation de protéger les civils ».
Les récents affrontements à Tripoli ont exacerbé l’instabilité sécuritaire, perturbant la vie quotidienne des habitants et menaçant la stabilité politique du gouvernement de Dbeibah.
Dans une récente déclaration à Maghreb Emergent, le chercheur en géopolitique Raouf Farah, a indiqué que, « les affrontements du 12 mai ne seraient pas le fruit du hasard ». Raouf Farah les qualifie de « réaménagement délibéré de l’architecture sécuritaire de Tripoli, voulu au plus haut niveau de l’État ». Cette analyse suggère une stratégie coordonnée visant à remodeler l’équilibre des forces dans la capitale.
Selon lui, ces violences « ne menacent pas directement la production pétrolière » dans l’immédiat, puisque les zones stratégiques de Sharara et El Feel restent sous le contrôle de « forces loyales à Haftar et à l’Est », mais l’expert n’exclut pas un « effet domino » si les tensions venaient à s’étendre, notamment à la ville de Zawiya, dont les groupes armés « ont déjà démontré leur capacité de nuisance ».