L’université algérienne s’impose discrètement mais sûrement sur la scène académique mondiale. L’édition 2026 du classement Times Higher Education (THE) vient de le confirmer : l’Algérie décroche la première place au Maghreb et la deuxième en Afrique, avec 28 universités classées, contre une seule en 2017. Une ascension lente mais solide, portée par un effort collectif de modernisation et de réforme.
Le ministre de l’Enseignement supérieur, Kamel Baddari, n’a pas caché sa satisfaction. Lors de son passage à l’Assemblée populaire nationale, il a salué « les performances de l’université algérienne, reflet du travail de fond engagé depuis plusieurs années ». Il a cité notamment les universités de Sidi Bel Abbès et El Oued, désormais classées parmi les 1200 à 1500 meilleures institutions au monde.
Cette progression n’est pas le fruit du hasard. De nouveaux modules — comme l’intelligence artificielle, la rétro-ingénierie ou les logiciels open source — ont fait leur entrée dans les programmes. À cela s’ajoute un travail sur la gouvernance, la recherche et les partenariats internationaux. L’université algérienne se transforme, et cette transformation commence à se voir.
Des étudiants algériens de plus en plus estimés à l’étranger
Cette reconnaissance dépasse aujourd’hui les frontières. Les étudiants algériens séduisent de plus en plus les universités étrangères — en France, au Canada, en Espagne ou encore en Italie. Leur sérieux, leur endurance et leur capacité d’adaptation sont souvent salués. Dans les grandes écoles françaises comme dans les universités canadiennes, les jeunes Algériens s’illustrent dans les domaines des sciences de l’ingénieur, de la santé ou de l’intelligence artificielle.
Cette réputation grandissante rejaillit aussi sur le pays d’origine, prouvant que la qualité de la formation nationale commence à être reconnue à l’échelle mondiale.
Mais derrière cette réussite se cache un autre phénomène : la fuite des cerveaux.
La fuite des talents, l’autre visage du succès universitaire
Pendant que les universités algériennes gravissent les échelons, leurs meilleurs éléments s’envolent vers d’autres horizons. Chercheurs, ingénieurs, médecins, informaticiens quittent le pays — souvent en silence — pour poursuivre leurs ambitions ailleurs. Ce n’est pas une « émigration clandestine » comme on l’entend parfois, mais une migration intellectuelle, discrète et pourtant lourde de conséquences.
Ces départs répétés privent le pays d’une partie de sa richesse humaine. L’université forme, le monde recrute. Et pendant ce temps, l’Algérie voit s’éloigner des compétences qui pourraient être le moteur de son développement économique et scientifique.
Le ministre Baddari l’a rappelé : « L’université doit devenir la locomotive du développement national. »
Entre fierté et inquiétude : un tournant décisif pour l’enseignement supérieur
Mais pour que cette locomotive avance, encore faut-il retenir ses passagers les plus brillants.
Les réformes engagées — digitalisation des œuvres universitaires, amélioration des cités et de la restauration, ouverture de 5095 postes budgétaires pour les médecins résidents — traduisent une volonté claire de changement. Mais le défi reste immense : créer un environnement capable de rivaliser avec les offres étrangères et de donner envie aux jeunes diplômés de construire ici leur avenir.
L’université algérienne a réussi à hisser son nom parmi les meilleures d’Afrique. C’est une victoire collective, celle d’un système qui s’améliore et d’une jeunesse qui brille.
Mais ce succès doit maintenant se transformer en force intérieure. Car si les classements se gagnent à l’international, l’avenir, lui, se construit à la maison.