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Algérie

Ouamar Saoudi: »L’intégration nord-africaine passe par des mutualisations sectorielles graduelles »

Par Yazid Ferhat
1 mai 2016
Le coût de la non-intégration du Maghreb représente de 2 à 3 % de PIB annuel pour les pays de la région

Rappelant que les échanges entres les pays nord-africains sont les plus faibles au monde, à savoir 3%, Ouamar Saoudi, secrétaire national à l’économie du RCD, indique que le colloque qu’il coordonne vise à trouver les pistes d’une mutualisation progressive des moyens de chacun des pays du sous-continent.

Au moment où l’économie algérienne se trouve dans l’impasse, le RCD organise un colloque sur l’intégration économique nord-africaine. Cela veut-il dire que le redressement économique de l’Algérie passe nécessairement par cette intégration?

Les thèmes du colloque sont de deux natures. La premier porte sur la recherche de financements de l’économie en temps de crise avec monsieur Ali Benouari, suivi d’une conférence sur les instruments de passage d’une économie de rente à une économie de production avec monsieur Abdelhak Lamiri. Le deuxième porte sur la  dimension stratégique et la  nécessité de l’intégration économique des pays de l’Afrique du nord. Pour répondre à votre question, le redressement de l’économie nationale n’est pas tributaire de l’intégration mais le développement durable dans un contexte de globalisation passe par la mutualisation de nos moyens.

 

 

Quels sont, selon vous, les atouts dont dispose chacun des pays du sous-continent nord-africain qui peuvent constituer des éléments sur lesquels s’articulerait une éventuelle intégration économique de la région?

En dehors des atouts sur lesquels je reviendrai, il y a le contexte international. La mondialisation qui implique la globalisation des marchés ne laisse plus de chance au plus faibles. Le regroupement en blocs économiques est partout la règle. Les échanges commerciaux dans l’UE sont d’environ 60% contre  25% dans l’Asean (Asie du Sud-Est), 15% pour le Mercosur (Amérique du Sud) et 9% pour la Cedeao (Afrique de l’Ouest). Devant de telles entités et des dragons comme la Chine, l’Inde, etc., il reste peu de marge de manœuvre pour des pays isolés. Quant aux atouts, avant d’être dans une économie d’échelle qui mutualise nos moyens, il y a une continuité territoriale, une histoire commune, une identité partagée avec ses langues et ses cultures. Pour le reste, nous disposons ensemble de grandes potentialités énergétiques, agricoles, touristiques et humaines, sans parler de la proximité de nombreux marchés. Pourtant, selon la banque mondiale, les échanges commerciaux entres les pays du sous-continent ne représentent que 3%.

 

Qu’est-ce qui bloque, pour l’heure, l’intégration économique, pourtant fort bénéfique pour tous, des pays nord-africains?

Ce qui bloque est l’absence d’élites capables de concevoir un projet commun. Entre l’Algérie et le Maroc, le problème du Sahara occidental est utilisé par les deux pouvoirs pour que dans chaque pays le statu quo demeure. En d’autres termes, au lieu de se projeter dans un espace nord-africain qui ne peut être que démocratique, le makhzen veille à la sauvegarde de sa main mise sur le Maroc, ce que fait exactement le pouvoir chez nous. La fermeture des frontières terrestres n’est pas une conséquence du conflit du Sahara, c’est une volonté commune d’empêcher des contagions progressistes. Dans ces conditions, quelque soit la volonté de nos amis Tunisiens, ils restent, eux, pris entre deux feux et jouent l’équilibre faute de mieux.

 

Dans une économie nord-africaine intégrée, quelle serait la place de l’Algérie?

La place de l’Algérie est centrale pour plusieurs raisons. D’abord sa situation géographique et son immensité territoriale la destine à jouer un rôle pivot. Avec le Maroc, nous constituons aussi le grand apport démographique. Pour le RCD, l’intégration nord-africaine se conçoit comme une fédération. Evidement, cela peut passer, et c’est peut-être le meilleur chemin, par des mutualisations graduelles, économiques, agricoles, éducatives….

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