Pétrole : L’Algérie, troisième réserve africaine… mais premier risque de statu quo | Maghreb Émergent

M A G H R E B

E M E R G E N T

Actualités

Pétrole : L’Algérie, troisième réserve africaine… mais premier risque de statu quo

Par Yasser K
14 septembre 2025
Avec 12,2 milliards de barils de réserves, l’Algérie reste la 3ᵉ d’Afrique derrière la Libye (48,3) et le Nigeria (36,8)… mais le risque de statu quo pèse lourd.

Avec 12,2 milliards de barils de réserves prouvées, l’Algérie reste le troisième pays africain derrière la Libye (48,3 milliards) et le Nigeria (36,9 milliards), selon Business Insider Africa (2025). Mais les réserves ne font pas tout : la production réelle tourne autour de 1 million de barils par jour, contre près de 1,2 million pour la Libye malgré le chaos, et plus de 1,5 million pour le Nigeria. Autrement dit, Alger est déjà à la traîne.

Pour se rassurer, le pouvoir met en avant ses accords avec l’Italie. Depuis 2022, Rome a doublé ses importations de gaz algérien. ENI a signé plusieurs protocoles, portant la fourniture à près de 25 milliards de m³ en 2024, consolidant l’Algérie comme premier fournisseur de l’Italie. Ces contrats garantissent des devises mais enferment le pays dans un rôle de pompiste méditerranéen : beaucoup de volumes, peu de valeur ajoutée, car l’essentiel part sous forme brute.

Autre carte brandie : les majors américaines. En 2023, Chevron a signé un accord de prospection gazière dans le bassin de l’Ahnet et sur des blocs offshore en Méditerranée. En 2024, ExxonMobil a suivi, avec un contrat ciblant des réserves non conventionnelles et du gaz de schiste potentiel. Symboliquement, c’est un tournant : Washington revient dans le jeu énergétique algérien. Les deux géants mènent des négociations avancées avec l’Algérie pour intensifier l’exploration et la production, dans le cadre d’une stratégie ambitieuse, qui inclut également des projets sur le gaz de schiste.

Le jour où la Libye se stabilise, Alger décroche

En effet, il y a le tabou du schiste. L’Algérie dispose de la 3ᵉ réserve mondiale de gaz de schiste techniquement exploitable (environ 707 Tcf, soit 20.000 milliards de m³), mais n’a jamais osé lancer de programme massif, par peur des contestations sociales et faute de technologie. La vraie question est donc la compétitivité : si demain la Libye stabilise ses institutions et propose des conditions fiscales plus souples, pourquoi une major viendrait s’enliser dans la bureaucratie algérienne ? Pour l’instant, l’insécurité libyenne masque le décalage. Mais le jour où ce masque tombe, Alger risque d’être largement contournée.

Ces accords avec l’Italie et les Américains offrent donc un répit, pas une stratégie. Ils achètent du temps, mais ne réparent ni les failles structurelles ni le retard technologique. L’Algérie reste handicapée par une fiscalité pétrolière jugée lourde, des délais d’autorisation interminables et des infrastructures vieillissantes.

En 2025, l’Algérie demeure un acteur clé du pétrole africain. Mais elle se comporte comme un rentier qui croit que ses barils suffisent. Dans une région où tout bouge – Libye instable mais courtisée, Nigeria en consolidation, transition énergétique mondiale qui s’accélère – la vraie bataille n’est plus de savoir combien on a sous terre, mais à quel prix et dans quelles conditions on peut encore convaincre les investisseurs de miser sur Alger plutôt que sur ses voisins.

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités

Marché noir : l’euro se stabilise face au dinar algérien

Ce dimanche 14 septembre 2025, le marché noir des devises en Algérie observe un calme relatif. En effet, l’euro a marqué une nette stabilité face au dinar algérien. Ce répit… Lire Plus

Actualités

Le port de Béjaïa affiche une performance exceptionnelle en 2025

Le port de Béjaïa confirme sa place de leader. Les six premiers mois de l’année 2025 ont été marqués par une performance spectaculaire. Selon le dernier bulletin d’information du port,… Lire Plus

La semaine éco

La rentrée sociale dessinée par Kamel Rezzig

La rentrée sociale 2025 est plus tendue que celle de 2024, chloroformée par l’échéance des présidentielles. Elle combine une tension sociale — avec des préavis de grève réprimés par l’incarcération… Lire Plus

À l'honneur Á la une

Climat des affaires en Algérie : pour Attaf, le beau temps est presque déjà là

Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a nié, hier, samedi 13 septembre, lors de sa conférence de presse, que la question des visas constitue une entrave aux investissements, pointant… Lire Plus

Actualités Algérie

IATF 2025 : L’Algérie décroche 11,4 Md$ de contrats mais boude l’agriculture

Sidérurgie, énergie, automobile : les secteurs lourds dominent les accords signés lors de la foire d’Alger. L’agriculture, pourtant présentée comme l’alternative au pétrole, reste invisible dans les annonces. L’Algérie a… Lire Plus