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Plan d’action : Ahmed Ouyahia s’explique sur le recours aux financements non conventionnels

Par Yazid Ferhat
17 septembre 2017
Ahmed Ouyhia lors de la présentation du Plan d’action de son gouvernement devant les députés de l’APN/ Ph : Ahmed Sahara

Le Premier ministre assure que ce financement « exceptionnel »  sera limité à une durée maximale de cinq années, et il sera accompagné de réformes économiques et financières.

 

Le Premier ministre Ahmed Ouyhia a présenté, ce dimanche, le Plan d’action de son gouvernement devant les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN).

Dans son intervention, le Premier ministre est revenu longuement sur le choix d’aller vers les financements conventionnels pour permettre à l’Etat « de continuer de fonctionner normalement sans devoir imposer aux citoyens de nombreux impôts nouveaux ».

Pour le Premier ministre, le Gouvernement s’est retrouvé face à «  une situation complexe » : les avoirs du Fonds de Régulation des Recettes (FRR) épuisés au début de l’année en cours  et le marché financier local qui n’est « pas de taille à permettre au Trésor de s’y endetter », d’autant que les banques de la place « se retrouvent elles-mêmes confrontées à une raréfaction des liquidités, ce qui ralentit le financement des projets d’investissements même lorsqu’ils sont déclarés rentables ».

Parallèlement, le recours à l’endettement extérieur a été « judicieusement prohibé par M. le Président de la République pour éviter à notre pays le risque d’être pris dans la spirale des emprunts à l’extérieur, et de se retrouver après quelques années, en situation d’insolvabilité envers ses créanciers, et en obligation de solliciter l’aide du Fonds Monétaire International en contre partie d’un ajustement structurel économiquement et socialement tragique », a-t-il souligné.

Selon Ahmed Ouyahia, la crise financière que traverse le pays qui est une « crise importée de l’extérieur », en allusion à la chute des prix du pétrole depuis 2014, ne peut être dépassée qu’avec le recours au financement non conventionnel interne « comme l’ont fait d’autres pays, développés, à la suite de la crise financière mondiale d’il y a quelques années ».

Financement « exceptionnel »

Il explique que l’amendement de la Loi relative à la Monnaie et au crédit, pour autoriser la Banque d’Algérie à acquérir directement des Titres qui seront émis par le Trésor va permettre à ce dernier de  s’endetter  pour financer les déficits du Budget.  Et il financera aussi le remboursement de ses importantes dettes vis à vis de la Sonatrach ou des banques publiques engagées dans l’assainissement de la Sonelgaz, « de sorte que les banques publiques retrouvent des liquidités qu’elles utiliseront pour le financement de l’investissement économique ».

Le Premier ministre assure que ce financement « exceptionnel »  sera limité à une durée maximale de cinq années, et il sera accompagné de réformes économiques et financières « pour rétablir l’équilibre des finances publiques ainsi que l’équilibre de la balance des paiements ».

« Les emprunts que le Trésor public obtiendra auprès de la Banque d’Algérie auront un impact positif direct sur les citoyens, car ils permettront de relancer ou d’achever des projets de développement humain gelés ou bloqués ces dernières années, dans plusieurs domaines y compris la santé ou l’éducation », explique M. Ouyahia qui affirme que grâce à ces financements l’Etat continuera de « fonctionner normalement sans devoir imposer aux citoyens de nombreux impôts nouveaux » et les  entreprises locales « recouvreront leurs créances sur l’administration et pourront ainsi survivre et se développer ».

…Rien que pour l’investissement public

Sur la destination de ces financements non conventionnels, le Premier ministre tient à rassurer la population en affirmant que les fonds qui seront empruntés par le Trésor auprès de la Banque d’Algérie ne sont pas destinés à alimenter la consommation mais bien à financer l’investissement public.  Ce qui ne sera pas source d’inflation, selon lui. Il affirme en outre que  le Trésor fait face actuellement à une dette publique qui ne dépasse pas les 20% du Produit intérieur brut, « disposant ainsi d’une marge raisonnable d’endettement ».

« En tout état de cause, l’Algérie vient de s’assurer ainsi la sauvegarde de son indépendance financière et la poursuite de son effort de construction nationale. Le Gouvernement entend accompagner cette solution avec les réformes requises pour que les Finances publiques retrouvent leur équilibre », a-t-il conclu.

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