Depuis le début de l’année 2025, le marché algérien de la pomme de terre traverse une phase charnière. La région d’Aflou, dans la wilaya de Laghouat, vient d’enregistrer une performance agricole spectaculaire, dépassant toutes les attentes. Selon Alied Bouazza, directeur de l’Agriculture de Laghouat, l’emblavement de 4 800 hectares a permis une récolte exceptionnelle atteignant 1,4 million de quintaux pour cette période de la saison.
Cet exploit est d’autant plus notable que les rendements par hectare ont frôlé des niveaux historiques. Nourdine Bachir, membre du comité national des producteurs de pomme de terre, confirme la tendance : « Le rendement est entre 300 et 400 quintaux par hectare, mais il y a des régions où il a touché les 500 quintaux ! C’est vraiment impressionnant. » Une réussite attribuée aux soutiens accordés aux agriculteurs et à une gestion optimisée des superficies, sans compter les apports massifs d’autres régions, notamment Oued Souf.
Crise de surproduction : un stockage sous pression
Si cette abondance assure la sécurité alimentaire et fait chuter les prix à la consommation, soulageant temporairement le citoyen, elle crée en parallèle un malaise profond chez les producteurs. Cette explosion de l’offre, qualifiée de « récolte historique » par Nourdine Bachir, a logiquement entraîné une baisse rapide des prix.
Face à cette surproduction, la Société Algérienne de Régulation des Produits Agricoles (SARPA) est intervenue. Initialement limitée à 40 000 quintaux, la capacité d’achat de l’entreprise publique a été portée à 200 000 quintaux sous la pression des agriculteurs. Une mesure qui a atténué les pertes, mais qui reste largement insuffisante pour absorber le surplus massif de la seule région d’Aflou.
L’exportation comme bouée de sauvetage et solution durable
Pour les professionnels, l’issue est désormais évidente : l’exportation. Nourdine Bachir insiste sur le fait que la filière ne manque pas de quantité, mais de débouchés. « Ces quantités doivent être conservées et mobilisées en cas de crise pour régulariser le marché, mais aussi destinées à l’exportation. »
L’exportation ne doit plus être perçue comme un simple complément, mais comme un mécanisme de régulation stratégique. Elle permettrait d’absorber les excédents records d’Aflou et d’autres régions, tout en stabilisant les revenus des agriculteurs. En structurant cette activité, l’Algérie pourrait transformer son potentiel agricole en véritable richesse nationale et garantir une juste valorisation des récoltes.
Pour que l’exploit d’Aflou ne bascule pas en catastrophe économique, le pays doit renforcer ses capacités de stockage, organiser sa chaîne de distribution et intégrer l’exportation dans une politique nationale résolue.





