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Algérie-Les finances publiques sont plus menacées que les recettes extérieures (expert)

Par Yazid Ferhat
28 février 2015
Pour l’expert financier Rachid Sekkak la menace la plus grave sur l’économie algérienne est celle qui pèse sur les finances publiques, non celle liée aux recettes en devises

Pour l’expert financier Rachid Sekkak la menace la plus grave sur l’économie algérienne est celle qui pèse sur les finances publiques, non celle liée aux recettes en devises

Alors que les regards sont braqués sur la baisse des prix du pétrole et la baisse des recettes extérieures que cela induit, Rachid Sekkak, expert financier, remet les pendules à l’heure : ce sont les finances publiques qui sont menacées en premier.

 

L’expert financier Rachid Sekkak a prévenu mercredi que la menace la plus grave sur l’économie algérienne est celle qui pèse sur les finances publiques, non celle liée aux recettes en devises. « La situation est plus tendue sur les finances publiques que sur la balance des paiements », a-t-il déclaré au cours d’une rencontre organisée par la société Light Ideas. Il a aussi prévenu contre une lecture erronée de la crise actuelle, appelant à « ne pas s’alarmer », mais aussi à ne pas rater « la fenêtre de tir » qui s’offre pour opérer les changements nécessaires.

« La baisse du prix du pétrole n’est pas la cause de la crise, mais elle en est le révélateur ». C’est aussi « le révélateur de nos vulnérabilités, et elle nous impose d’agir pour atténuer les menaces », a-t-il déclaré. Ces fragilités sont illustrées par quelques données de base de l’économie algérienne: les hydrocarbures représentent un tiers du PIB, deux tiers des recettes fiscales et 97% des exportations, a-t-il rappelé.

 « Il ne faut pas renvoyer les causes de la crise à l’extérieur », prévient-il, ajoutant que les difficultés actuelles offrent « un excellent moment pour prendre les virages audacieux, selon la formule du groupe Nabni ». En tout état de cause, note-t-il, quelle que soit la cause de la baisse du prix du pétrole, « l’Algérie n’a aucune prise sur les prix ».

Des atouts réels

Dans ce tableau, Rachid Sekkak trouve tout de même une note d’optimisme, soulignée d’ailleurs par le FMI. « La marge de manœuvre externe et budgétaire est meilleure que celle des années 1980 », rappelle celui qui avait notamment occupé le poste de directeur de la dette à la banque d’Algérie. Actuellement, « les réserves de changes s’élèvent à 180 milliards de dollars, l’épargne budgétaire constituée par le Fonds de régulation de recettes (FRR) est de 4.500 milliards de dinars, la dette publique est faible, représentant à peine 8% du PIB, alors que la dette extérieure s’élève à peine à trois milliards de dollars.

Ces atouts ne doivent cependant pas « justifier le statuquo », car « la  fenêtre de tir est étroite », dit-il. Il préconise donc de « ne pas s’alarmer, ne pas s’endormir, et de bouger dans la bonne direction ».

Une action sur plusieurs fronts

M. Sekkak préconise une action sur plusieurs fronts pour protéger le pays contre les aléas de la crise. Il faut, selon lui, « rationaliser les dépenses publiques », réaménager « une politique de subventions coûteuse, mal ciblée et injuste, génératrice d’importations et consommation excessive d’énergie ».

Cette action s’articule autour de trois grands chantiers. Le premier, relatif à la gouvernance, doit permettre de « reconstruire la capacité d’analyse et de prospective », ainsi qu’un «recentrage de l’appareil administratif » et « un allègement des procédures ».

En parallèle, il recommande de s’attaquer à la régulation, pour « rendre l’investissement plus attractif et plus rémunérateur que l’importation et le commerce ». Il faudra aussi s’attaquer à « l’économie informelle », mais il prévient du caractère délicat de ce dossier, car il faudra «tenir compte d’un danger, celui de la rupture des équilibres sociaux », dit-il.

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