Dans le dernier classement des monnaies africaines publié par Forbes, trois devises du Maghreb figurent parmi les plus solides du continent. Le dinar algérien, lui, demeure l’une des moins valorisés. Un écart qui interroge les fondements de la politique monétaire menée par Alger depuis plusieurs décennies.
Avec un taux de change officiel avoisinant 133 dinars pour un dollar, la monnaie algérienne s’est dépréciée au fil du temps face aux devises de ses voisins immédiats. Le dinar tunisien s’établit à 3 dinars pour un dollar, le dinar libyen à 5,4, tandis que le dirham marocain se maintient autour de 10. Sur le marché parallèle, l’euro s’échange à plus de 27 000 dinars pour 100 euros, révélant la forte distorsion entre taux officiel et taux informel.
À l’échelle du continent, le classement de Forbes met en avant la solidité relative des monnaies maghrébines, suivies par celles de quelques économies disposant de politiques monétaires plus stables. Derrière la Tunisie, la Libye et le Maroc figurent notamment le cedi ghanéen, la pula botswanaise, la roupie seychelloise et le rand sud-africain.
Toutes partagent un point commun : des banques centrales plus autonomes, des régimes de change plus flexibles et une maîtrise de l’inflation qui renforcent la confiance dans leur devise.
| Rang | Pays | Monnaie | Taux de change (≈ pour 1 USD) |
|---|---|---|---|
| 1 | Tunisie | Dinar tunisien (TND) | 2,90 |
| 2 | Libye | Dinar libyen (LYD) | 5,40 |
| 3 | Maroc | Dirham marocain (MAD) | 9,04 |
| 4 | Ghana | Cedi ghanéen (GHS) | 12,31 |
| 5 | Botswana | Pula botswanais (BWP) | 14,15 |
| 6 | Seychelles | Roupie seychelloise (SCR) | 14,84 |
| 7 | Érythrée | Nakfa érythréen (ERN) | 15,00 |
| 8 | Afrique du Sud | Rand sud-africain (ZAR) | 17,23 |
| 9 | Lesotho | Loti du Lesotho (LSL) | 17,26 |
| 10 | Namibie | Dollar namibien (NAD) | 17,26 |
| — | Algérie | Dinar algérien (DZD) | ≈ 133,00 |
Quand le modèle rentier fragilise la monnaie
L’Algérie, en revanche, reste tributaire d’un modèle rentier fondé sur les hydrocarbures et d’une politique de change administrée par la Banque d’Algérie. Cette rigidité a permis de limiter la volatilité, mais au prix d’un écart croissant avec les réalités du marché et d’une perte de confiance des agents économiques.
L’Algérie, en revanche, reste tributaire d’un modèle rentier fondé sur les hydrocarbures et d’une politique de change administrée par la Banque d’Algérie. Cette rigidité a permis de limiter la volatilité, mais au prix d’un écart croissant avec les réalités du marché et d’une perte de confiance des agents économiques.
Les conditions d’un redressement
L’inflation en Algérie demeure supérieure à celle de ses voisins, tandis que le secteur privé peine à se développer dans un environnement marqué par une faible intégration régionale. Pour de nombreux observateurs, la restauration de la crédibilité du dinar passe par une réforme en profondeur : assouplissement du régime de change, transparence accrue de la Banque d’Algérie et diversification de l’économie.
Le classement de Forbes rappelle une réalité souvent négligée : la stabilité d’une monnaie ne dépend pas de la richesse en ressources naturelles, mais de la qualité de la gouvernance économique. Au Maghreb, trois pays parviennent à préserver la valeur de leur devise. Le quatrième, malgré ses réserves en hydrocarbures, reste pénalisé par son modèle économique.





