Vladimir Poutine a mis en garde contre une flambée du pétrole si le brut russe venait à être écarté du marché mondial, dénonçant les appels d’Emmanuel Macron à intercepter la “flotte fantôme” transportant le brut russe.
En brandissant la menace d’un baril au-delà de 100 dollars, Vladimir Poutine n’a pas seulement défendu un actif stratégique : il a rappelé à l’Occident qu’aucune architecture énergétique ne peut encore se passer de la Russie. Lors du Forum Valdaï, à Sotchi, le président russe a dénoncé les appels d’Emmanuel Macron à intercepter la « flotte fantôme » transportant le brut russe. Un geste, selon lui, qui équivaudrait à « piller des navires étrangers » en violation du droit international. Autrement dit, toucher aux exportations russes, c’est risquer une flambée mondiale des prix.
Moscou expédie encore près de 3,3 millions de barils par jour par voie maritime ; 80% aboutissent en Chine et en Inde. La moindre entrave, prévient le Kremlin, bouleverserait un équilibre déjà fragile, où la demande repart alors que les capacités de production stagnent.
« Même dans les cauchemars les plus sombres, on ne peut imaginer le marché fonctionner sans le pétrole russe », a martelé Poutine, avant de renvoyer l’Occident à ses propres contradictions : « Vous exigez le respect du droit international ; respectez-le vous-mêmes ».
Une réponse à Macron et au G7
L’avertissement vise directement Paris et les pays du G7, qui discutent d’un nouveau durcissement des sanctions sur les revenus pétroliers du Kremlin. Emmanuel Macron a plaidé, début octobre, pour la saisie des tankers opérant dans les zones grises du transport maritime, ce « shadow fleet » de navires vieillissants, souvent non déclarés et utilisés pour contourner le plafonnement des prix.
Poutine y voit une escalade juridique et économique aux conséquences imprévisibles : « Aucune économie, y compris européenne, n’y survivra indemne ».
Les faits lui donnent partiellement raison, car malgré les embargos et les circuits parallèles, la Russie reste le troisième producteur mondial derrière les États-Unis et l’Arabie saoudite. Son retrait total provoquerait un choc d’offre brutal. Plusieurs analystes, dont l’économiste Anas Al-Hajji, estiment même que le baril pourrait grimper non pas à 100 dollars, mais à 130 dollars.