Dans une démarche inhabituelle, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), à travers la réunion du secrétariat national des secrétaires généraux des unions de wilayas et des fédérations nationales tenue le 30 septembre dernier, a publié un communiqué final soulignant la nécessité d’ancrer la culture du dialogue social comme garantie essentielle de l’équilibre des relations professionnelles, de la protection des droits et du renforcement de la cohésion sociale au profit des travailleurs et de la nation. Le communiqué a également appelé à la libération du syndicaliste Lounis Saïdi, condamné à deux ans de prison ferme pour un communiqué syndical.
Le texte précise que les atteintes à la liberté d’exercice du droit syndical dans certains secteurs sensibles, tels que les chemins de fer, les ports, les finances, les médias, l’agriculture, l’industrie et l’enseignement supérieur, ne favorisent ni la stabilité des relations professionnelles ni la diffusion de la culture du dialogue social.
Il considère que les violations flagrantes de la liberté syndicale, le refus d’appliquer les jugements rendus au nom du peuple en faveur des travailleurs et des syndicalistes, ainsi que les poursuites judiciaires engagées contre ces derniers en raison de leur activité syndicale, sont autant de pratiques qui traduisent l’absence de dialogue et entravent la paix sociale.
Les participants à la réunion ont demandé une série de mesures urgentes, notamment : parvenir à une issue positive consistant en l’acquittement de l’ancien secrétaire général de la fédération des chemins de fer, Saïdi, dont l’affaire sera examinée par la cour d’appel la semaine prochaine ; annuler les décisions administratives abusives prises par certains employeurs à l’encontre des syndicalistes et appliquer les jugements définitifs rendus en faveur des travailleurs et des représentants syndicaux.
Ces positions revêtent une importance particulière, l’UGTA se plaçant rarement du côté des travailleurs dans des affaires syndicales marquantes, comme celle du syndicaliste Saïdi.
Des décisions de justice ignorées
Dans le même contexte, des observateurs signalent que des dizaines de syndicalistes dans différents secteurs continuent de faire face à des obstacles malgré des décisions judiciaires définitives rendues en leur faveur. À titre d’exemple, le lanceur d’alerte anticorruption, Nourredine Tounsi, reste en détention préventive depuis plus de neuf ans, bien qu’ayant obtenu des jugements l’innocentant et ordonnant sa réintégration au sein de l’entreprise du port d’Oran, sans que ces décisions aient été appliquées jusqu’à présent.
De même, le président de la fédération des ports et conseiller au port de Djendjen, Boulâassel Nourredine, ainsi que 13 syndicalistes du port de Mostaganem, se trouvent dans une situation similaire malgré des jugements favorables. S’y ajoutent six autres syndicalistes de l’entreprise publique des ports d’Algérie, pour lesquels aucune décision judiciaire n’a encore été exécutée.
Ces développements ouvrent la voie à de larges interrogations quant à l’avenir des libertés syndicales en Algérie et à la volonté des différentes parties d’instaurer un véritable dialogue social équilibrant les droits des travailleurs et les exigences de la stabilité professionnelle.