Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) tire la sonnette d’alarme dans son dernier rapport semestriel, publié début juillet 2025, en mettant en lumière une explosion des mouvements de protestation en Tunisie.
Selon l’Observatoire social tunisien (OST), rattaché au FTDES, le pays a enregistré 2 387 mobilisations entre janvier et juin 2025, contre 1 161 durant la même période en 2024, soit une hausse de 105,6 %.
Les revendications à caractère professionnel et syndical dominent largement ces mobilisations. Elles concernent principalement des demandes de régularisation de situations professionnelles, de paiement de salaires et primes, du droit à l’embauche ou encore de mise en œuvre d’accords sociaux restés inappliqués. Les secteurs de l’éducation et de l’emploi précaire sont particulièrement touchés.
La répartition mensuelle des mouvements montre une certaine constance, avec un pic enregistré en janvier (483 protestations), suivi par février (432) et mai (451). Tunis reste le gouvernorat le plus mobilisé, concentrant à elle seule près de 25 % des protestations, devant Kairouan, Tozeur, Gafsa, Sidi Bouzid et Nabeul.
Au-delà des mobilisations, le rapport signale également une hausse préoccupante des actes de violence et des cas de suicide. Entre janvier et juin, 65 cas ou tentatives de suicide ont été recensés, touchant majoritairement des jeunes adultes, avec une corrélation directe au chômage, à la pauvreté et à la dégradation des conditions de vie.
Les violences, qu’elles soient individuelles, collectives, institutionnelles ou symboliques, sont également en augmentation, avec une forte présence d’actes criminels tels que les agressions, tentatives de meurtre, viols et violences scolaires. Les femmes et les enfants en sont les principales victimes.
Face à cette situation sociale alarmante, l’OST appelle les autorités tunisiennes à repenser les politiques sociales et économiques, à renforcer l’éducation à la citoyenneté et à mettre en place des mécanismes d’intervention précoce, notamment dans les écoles et les familles.